Seul en scène de Laurent Saint-Gérard dans une mise en scène de Christophe Luthringer.
Laurent Saint-Gérard, Gérard comme le prénom qui est son vrai nom de (bonne) famille, et Saint, pour éviter la confusion approximative avec un célèbre imitateur, préfère le terme "performance" à celui de "one man show" ou de "seul en scène" et sa performance, qui tient, entre autres, à sa plasticité physique et vocale, ne déçoit pas.
Une performance qui fait suite à un coming out global qui tient tant explorer d'autres voies que celle du comédien classique qu'il a suivi jusqu'à présent en se faisant plaisir en jouant en solo en optant pour la veine humoristique, qu'à assumer la part de féminité qui accompagne son souci d'esthétique physique et à pratiquer un humour décomplexé et d'autant plus politiquement incorrect qu'il est dispensé par un quadra séduisant et élégant qui a tout du gendre idéal.
Tout commence par la revendication de sa minceur, injustement taxée de maigreur, qui tient tant à sa chance d'avoir une ossature fine qu'à l'entretien maniaque de son corps et le spectateur est invité à juger de visu sur pièce puisqu'en moins de temps qu'il en faut pour y croire, le voici en tenue de chippendale, divinement hâlé et épilé.
Prouvant qu'il n'a rien à cacher ni froid ni aux yeux ni au reste, les scènes irrésitisbles qui suivent, entre le coach bourrin de la salle de sport et le coiffeur mignon, donnent le ton d'un spectacle qui fonctionne sur l'opposition des contraires.
Ainsi, renvoyant dos-à-dos la beaufitude plébéienne et l'hypocrisie bourgeoise, il dresse notamment deux portraits hilarants aux antipodes l'un de l'autre, celui de sa vieille mère pure "NAP" mais version versaillaise plongée dans la lecture de la chronique nécrologique du Figaro et du vigile à molosse bas du front qui attestent également de sa capacité physique à se métamorphoser totalement.
Les textes peaufinés mêlent judicieusement autodérision, "sea, sex and sun", caricature et parodie - sa composition du naturiste du Cap d'Agde est sidérante - et il pousse le souci du détail jusqu'à faire des noirs transitionnels des intermèdes gaguesques en voix off.
Dans cette "performance" jubilatoire mise en scène par Christophe Luthringer, Laurent Saint-Gérard joue avec délectation tant dans l'intime que dans le portrait comique.
Et comme le monsieur est sincère et empathique, ça fonctionne bien
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