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Interview  (Paris)  samedi 14 mars 2015

Alors que La Souterraine met sous les projecteurs la très belle musique, ce mélange de non folk et de poésie ironique, de Le Flegmatic, nous en avons profité pour rencontrer l'homme qui se cache derrière ce pseudonyme. C'est sa première interview, c'est important.

Qui est le flegmatic ? Quel est son parcours ?

Thomas Boudineau : J'ai toujours écrit et chanté. A 21 ans, en 2001, j'ai même gagné, avec des chansons en français un peu burlesques, quelques scènes ouvertes et tremplins du sud-ouest. D'ailleurs, je faisais déjà chanter mon amie Marion, qui fait les choeurs sur la mostla-tape (sauf sur "Béziers"). Mais j'étais un peu schizophrène : j'écoutais Mogwaï, Grandaddy, Songs:Ohia... ce que je faisais me paraissait complètement naze. J'écoutais aussi beaucoup Les Créatures de Katerine, Remué, et le solaire Auguri, de Dominique A... ça rend modeste.

J'ai tout laissé tomber quand j'ai rencontré Angil & The Hiddentracks, sans aucun regret. Je pouvais enfin m'accomplir au trombone en accompagnateur heureux. Fabriquer de la musique avec quelqu'un comme Mickaël Mottet, s'immerger dans son univers, ses textes, son chant, et l'album Oulipo Saliva qui commençait à se tramer, c'était bien plus inspirant que mes trucs de tâcheron. Bien sûr, pendant toutes ces années, j'ai pris des notes, des brouillons sur des mini-disc, mais c'était assez épouvantable...

Je n'ai trouvé ma voix, au sens propre, il n'y a que trois ans, en essayant de reprendre toutes les chansons des albums Hail to the thief et In rainbows de Radiohead en bossa-nova.

Radiohead vraiment ?

Thomas Boudineau : Oui, oui ! J'ai commencé par "2 + 2 = 5", une chanson qui me rend complètement fou. Je chantais ça en fin de soirée, chez un vieil ami, tout bourré. J'avais envie d'en faire un show, mais bon, je ne suis pas vraiment un grand guitariste, je ne suis pas João Gilberto... j'arrive péniblement à enchaîner trois accords sans tout faire foirer, et après j'ai une tendinite... Je me suis dit qu'en concert, ce serait vite chiant. Par contre, c'est comme ça que j'ai trouvé ma tessiture de voix, une certaine dynamique et les premiers accords de "Someone has left the door open", la première chanson que j'ai fini après 10 ans de bidouilles sans jamais terminer quoi que ce soit.

Justement, quelles sont les différences entre Thomas et Le Flegmatic ?

Thomas Boudineau : Il n'y en a aucune... Je crois que c'est vraiment moi, sans filtre. Mais la question du pseudonyme n'est toujours pas résolue... Je n'ai jamais eu de révélation de pseudonyme. Rien ne me convient vraiment. J'aurais sûrement d'autres incarnations à venir... Je compte bien m'amuser, maintenant. On verra. L'idée soulevée par Matthieu Dufour (de Pop Culture & Cie) comme quoi "Boudineau" serait un nom d'emprunt est un accomplissement, une sorte de sublimation de mon nom de famille, qui est, il faut bien le reconnaître, un peu embarrassant. Deux ou trois personnes m'appellent "La Boudinette"... ça me va très bien aussi.

Comment sont nées ces chansons ?

Thomas Boudineau : Je venais de me réinstaller à Albi et je traversais le Massif Central de long en large pour rejoindre les Hiddentracks à Saint-Etienne, et rendre visite à Delphine Dora et Dana Hilliot, dans le Cantal. Après 6 ans au Mans et à Quimper, j'avais complètement oublié les causses et les hauts-plateaux... J'ai commencé à ouvrir les carnets dans lesquels je prends tout le temps des notes pendant mes voyages, et à essayer d'en faire quelque chose.

Et puis je venais de découvrir l'album de Gregory Porter, ce crooner de Brooklyn. Cette musique est si lumineuse, jouissive, je me suis dit que j'avais envie de faire pareil, mais en chantant des horreurs. Mais c'est surtout Bill Callahan qui m'a décomplexé.

Ah oui, en quoi ?

Thomas Boudineau : Smog / Bill est un vieux compagnon, bien que je ne l'ai jamais vu en concert. Il fait éclater des fulgurances poétiques des choses les plus simples, c'est un poète délicat, il révèle les choses sans les dévoiler. Et puis, l'instant d'après, il te fait mourir de rire.

Je crois que j'ai mis 10 ans à comprendre qu'à travers ses chansons, il me disait : "Et toi, c'est quoi ta vision des choses ? Qu'est-ce que tu vas faire de tout ça ?" Il me redonne envie d'écrire quand je suis complètement à sec. Dans ma tête, il me dit : "Vas-y, tu t'en fous. Tu n'as rien à prouver à personne. Arrête de paniquer et travaille."

Tu as enregistré avec Michael Wookey, peux-tu nous raconter comment cela s’est passé ?

Thomas Boudineau : Michael et moi avions déjà enregistré une première version de la chanson "L'autoroute" en 2013. On en avait un bon souvenir. A ce moment, j'enregistrais sans plan particulier des titres chez des amis : "Someone has left the door open" chez Jean-Louis Prades (Imagho), et "Béziers", dans la version qui figure sur la mostla-tape, chez Ives Grimonprez. Quand Michael a vu que mon album était au point mort, il m'a proposé une semaine de studio chez lui.

Enregistrer chez Michael ouvrait un tout autre espace aux chansons. Non seulement Michael est un collectionneur d'instruments, mais il trafique les circuits de ses casios, il les modèle à son univers en cherchant des textures particulières. C'était une chance pour certaines des chansons que j'avais en tête... Je ne lui ai envoyé presque aucune démo, j'ai fini dans le train des chantiers que je ne pensais pas finir avant des mois : "Rebecca", "La Nuit est une gorge chaude", "Anniversaire"...

C'est un producteur extrêmement attentionné. Il trouve des idées justes et équilibrées de façon immédiate. Il avait une idée très précise de la façon dont il voulait me produire : le son de la guitare au centre, le wurlitzer, la voix très proche. Il a fait passer beaucoup de sons à travers la bande d'un tape echo recorder, ce qui donne ces textures un peu inquiétantes. Nous nous sommes fait confiance. La plupart des prises sont des premiers jets. On n'a jamais cherché à passer en force. Dès que l'un d'entre nous se sentait fatigué, on laissait tomber pour la journée et on se retrouvait en forme le lendemain.

Michael n'est pas seulement ce chanteur génial qui devrait être une grande star. C'est aussi une matière à part entière. Une émotion.

D’où vient cet esprit de conquête ?

Thomas Boudineau : Le terme de conquête est un peu désuet aujourd'hui. C'est vieux style. La Conquête de l'Ouest, la Conquête de l'Espace... Pourtant, j'ai l'impression que c'est un état d'esprit encore très vif dans mon sud-ouest. Prononcez "la conquête" avec l'accent et vous comprendrez.

Sur la photo de corrida de Phoebe Meyer, qui illustre la mostla-tape, on peut voir dans les gradins des arènes le slogan de la ville de Béziers : "L'Esprit de conquête". Benjamin Caschera, de La Souterraine, m'a suggéré d'en faire le titre ou le sous-titre du bidule. En recevant son mail, je me suis roulé par terre de rire. C'est le même humour que celui de Bertrand Larcade, chanteur fabuleux de Double Bob, et des Touristes, à Toulouse. Je me suis senti à la maison. C'était un putain de soulagement : ma part du boulot sur cette aventure était enfin terminée...

Peut-on espérer une suite ?

Thomas Boudineau : Houla ! Laisse-moi me remettre... Déjà, 10 chansons en 3 ans...

Retrouvez Le FLegmatic
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A lire aussi sur Froggy's Delight :

La chronique de l'album Esprit de conquête, La Mostla-Tape de Le Flegmatic
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La chronique de l'album Le jour La nuit Le jour de Le Flegmatic
Articles : Listen in Bed - Les dix chansons préférées de Thomas Boudineau alias Le Flegmatic (émission 22 saison 4)
L'interview de Le Flegmatic (lundi 13 mai 2019)

En savoir plus :
Le site officiel de Le Flegmatic
Le Bandcamp de Le Flegmatic
Le Soundcloud de Le Flegmatic
Le Facebook de Le Flegmatic
Le Flegmatic en téléchargement sur La Souterraine

Crédits photos : Diane Hion (Toute la série sur Taste of Indie)


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