Comédie policière de William Link et Richard Levinson, mise en scène de Didier Caron, avec Martin Lamotte, Pierre Azema, Karine Belly et Stéphane Boutet.
Personnage de fiction, je suis né sur les planches sous les plumes conjointes de William Link et Richard Levinson et j'ai connu la notoriété en devenant le personnage récurrent d'une série télévisée américaine en 69 épisodes initiée en 1971, je suis, je suis...
Lieutenant de police, je ne paie pas de mine avec mon imperméable tirebouchonné, mon mégot ratatiné, ma Peugeot 403 essoufflée, mon chien apathique et ma femme "arlésienne" mais néanmoins omniprésente comme écran de fumée pour masquer ma perspicacité, je suis, je suis... Columbo, bien sûr !
Didier Caron a eu la bonne idée d'adapter et de mettre en scène l'opus original intitulé "Meurtre sous prescription", sur la thématique classique du mari assassin, avec des parti-pris audacieux.
En effet, d'une part, en conservant ce qui deviendra les fondamentaux de la série, l'atypicité de l'enquêteur anti-héros et le ressort dramaturgique de la confrontation bilatérale ressortant au jeu du chat et de la souris dès lors que sont connus in limine l'identité de l'assassin, le mobile et le mode opératoire, sans chercher à la reconstitution tout en usant des codes de jeu des années 1970.
D'autre part, en optant pour la forme du téléfilm, avec générique introductif, pour lequel le décor à malices de Sophie Jacob permet de suppléer à l'instantanéité du fondu-enchaîné cinétique.
Cahier des charges rempli dans un genre difficultueux pour Didier Caron et pari réussi avec Martin Lamotte, bien entouré par Pierre Azema, psychiatre obséquieux et manipulateur, avec lequel il forme un tandem antithétique et symbole de la différence-lutte de classes, Karine Belly, la patiente-maîtresse un peu gourde, et Stéphane Boutet, substitut du procureur en situation de conflit d'intérêt, qui disposait d'une faible marge de manoeuvre au regard d'un personnage phagocyté par l'interprétation incarnée de Peter Falk.
N'ayant pas gardé de séquelles de la beaufitude du rôle tenu pendant près de dix ans dans la série comico-policière "Sœur Thérèse.com" et ne versant ni dans l'imitation mimétique, ni dans la caricature, Martin Lamotte mène la danse, et l'enquête, en campant avec sobriété et justesse ce savoureux lieutenant pratiquant un humour au second degré et qui, dos rond et profil bas, embobine les criminels retors... et le public. |