L'exposition consacrée au tandem formé par Marc Caro, bédéiste, musicien, réalisateur, sculpteur et graphiste, et le cinéaste Jean-Pierre Jeunet, aurait pu se dérouler à la Cinémathèque française.
Mais elle se tient à la Halle Saint Pierre sous le commissariat de sa directrice Martine Lusardy car celle-ci indique dans son éditorial que l'univers onirique et fantastique de leurs films entre en résonance avec celui exploré par l'art brut et les arts outsiders auquel ce lieu est dédié.
Si l'exposition
s'intitule "Caro/Jeunet", par ailleurs alimentée essentiellement par les objets et documents détenus par Jean-Pierre Jeunet, elle vise également la filmographie en solo de ce dernier.
En effet, leur collaboration en matière de longs métrages ne concerne que deux films "Delicatessen" (1991), quadruplement césarisé en 1992 avec notamment le César du Meilleur scénario, et "La Cité des enfants perdus" (1995) considérés comme des films majeurs ayant marqué les années 90 par leur cinéma d'imaginaire à l'esthétique dark magnifiée par le directeur-photo Darius Khondji et leur registre du conte trash.
Sans cesser sa collaboration au plan artistique, Marc Caro s'est ensuite orienté vers la réalisation de clips et la direction artistique pendant que Jean-Pierre Jeunet accédait à la reconnaissance internationale en 2001 avec "Le Fabuleux destin d'Amélie Poulain" multirécompensé dont les Césars du Meilleur film et du Meilleur réalisateur en 2002 après son incursion hollywoodienne en 1997 avec "Alien, la Résurrection".
Qualifiée de "cabinet de curiosités",
la monstration
s'ordonne donc autour de l'iconographie de chaque opus filmique en présentant outre les story-boards, dessins de décor, costumes, photos de tournage et extraits de films, leurs objets et accessoires emblématiques.
Ainsi le visiteur cinéphile retrouvera ses marques avec, entre autres, le cahier de photomatons d'Amélie Poulain et le nain en céramique qui figure dans le jardin de son père et l'enseigne de la boucherie de "Delicatessen".
Et le frisson est au rendez-vous avec les machines de "La Cité des enfants perdus"
avec la valise à optacon et la prothèse des cyclopes conçues par Marc Caro et Daniel Adric et mécanisé par Pascal Molina.
A ne pas rater les extraordinaires "Boîtes" de l'artiste peintre, sculpteur, photographe et cinéaste Charles Matton ("L'atelier du peintre" et "Le grenier de Sacher Masoch"), reconstitutions miniature de lieux glauques et angoissants, et les petites personnages sculptés par Marc Caro pour le court métrage d'animation "Le Manège" réalisé en 1980 par Jean-Pierre Jeunet. |