Lecture par Fanny Ardant de l'oeuvre éponyme de Marguerite Duras d'après une adaptation et une mise en lecture de Bertrand Marcos.
En 1980, Marguerite Duras accepte de se faire journaliste pour Libération. Entre juillet et septembre, une fois par semaine, elle va livrer au quotidien un texte lié à l'actualité des sept jours écoulés.
Bien entendu, et c'est sans doute tant mieux, l'auteur du "Ravissement de Lol V. Stein" n'en fera qu'à sa tête et ce qui devait être un commentaire des événements de la semaine prendra une toute autre forme et aboutira à dix beaux textes durassiens.
Mise astucieusement en espace par Bertrand Marcos, Fanny Ardant, pareille à elle-même, tout en noir et en exaltation (contenue), a donc accepté de lire la centaine de pages (format Éditions de Minuit) constituant cet "Eté 80".
Totalement empathique avec Marguerite, un peu embarrassée par les quelques références à l'actualité du moment devenues depuis caduques, et dans lesquelles celle qui fut une communiste ardente et bornée se révèle encore plus bornée en anticommuniste viscérale, Fanny Ardant s'empare du texte.
Elle est d'autant plus à l'aise avec les mots de Marguerite qu'ils sont décontextualisés et qu'ils évoquent la Normandie, une plage, un enfant et une adulte, quatre éléments chers à l'auteur.
En toute objectivité, Fanny Ardant n'est pas une lectrice exceptionnelle. Cependant elle met dans l'exercice une telle énergie, une telle conviction, que le spectateur en oublie sa technique approximative pour être totalement captivé.
Il accepte que la voix de Fanny se fatigue, traverse des phases où son ton devient monocorde, car il sait qu'elle aura au bout du compte l'ascendant sur ses défauts. Il n'attendait pas d'elle qu'elle soit un modèle de lectrice, mais qu'elle reste la "star" qu'il aime depuis si longtemps.
Elle réussira donc la prouesse de lire pendant plus d'une heure et demie sans que la salle tousse. Elle permettra aussi de mieux connaître un texte dit mineur de Marguerite, auteure dont elle est une magnifique porte-parole. |