Les connaisseurs grommèleront "roots" dans leur moustache à la propreté douteuse. Moi ça me fait penser à ces types un peu graveleux qui envoient valser d’autres graveleux par les portes à doubles vantaux lambrissés, ferrées sur charnières va-et-vient, directement dans l’auge à flotte pour chevaux (dans laquelle décuve un autre graveleux).

Cinquième album de The Marshals, Les Bruyères Session respire le grand ouest américain, du blues, des percussions et un essentiel harmonica, âme de l’album. C’est du rock, inspiré des grands, sans feston ni parure comme aiment le jouer Julien Robalo (guitare, voix), Thomas Duchézeau (batterie), Laurent Siguret (harmonica) et Fabien Larvaron (maracas, congas).

Ils ont installé leur saloon dans une maison hantée de souvenirs et vide d’habitant, en pleine jungle bourbonnaise, si jungle on puisse y trouver là-bas. Les Bruyères Session vous donneront de furieuses envies de tailler la route, cheveux au vent et whisky derrière la cravate. Si la grippe et des alcootests ne vous ramènent pas sur terre, vous vous retrouverez en moins de deux en rase cambrousse, à tutoyer de placides ruminants, pâquerette au coin des lèvres et éperons aux talons.

Sans grande philosophie, vous en conclurez que la vie n’est pas si merdique au bout du compte. A cette manière qu’ont les guitares de courber les notes comme feuillets au vent, à cette inimitable harmonica prolongateur d’assonances, et ces percussions, ce rythme chaloupé, talons dans le sol et colt à portée de main.

The Marshals, c’est un peu le tonton Baloo de vos soirées, à se frotter le dos sur des troncs aiguisés en poussant de grands soupirs de soulagement. Il en faut peu pour être heureux. Le soleil et Les Buyères Session y est pour beaucoup mais qu’importe ? L’ivresse est là.