Un nouvel album de la divine Clarika est toujours pour moi un évènement en soi. J’aime et je suis cette artiste depuis ses débuts, j’adore tous ses disques que je réécoute régulièrement. Elle s’avère être pour moi une grande plume de la chanson française qui nous offre régulièrement de superbes textes, toujours accompagnés de superbes mélodies. Comme souvent sur ses disques, elle se réinvente, nous propose des choses différentes, s’entourent de nouvelles personnes et ouvre la porte à de nouveaux duos, ici avec Pierre Lapointe, artiste québécois que j’adore aussi.
Pour son huitième album, A la lisière, elle a fait le choix judicieux d’en confier la réalisation à Florent Marchet et François Poggio. Elle avait déjà travaillé avec Florent Marchet sur son album Moi en mieux. Son précédent album nous racontait le deuil de son amour passé pendant 25 ans avec Jean-Jacques Nyssen.
On la retrouve à la frontière entre les inéffables vertiges de l’amour et les grandes bascules de l’existence. Avec son huitième album, Clarika dessine en filigrane, avec finesse et causticité, le portrait éclaté d’une femme aux prises avec son époque. Clarika s’est relevée des combats qui marquent une destinée, de la rupture amoureuse qui appelle à réinventer une vie.
L’album est là pour nous montrer comment elle affronte le monde qui vient, entre l’incertitude et la combativité. Son premier single de l’album, le superbe titre "Même pas peur", nous prouve la rage de vivre qui l’habite et cette soif de continuer à danser.
L’album s’ouvre sur le magnifique titre éponyme, plein de délicatesse et de mélancolie. Clarika est une artiste lucide qui ne manque pas d’humour, elle nous le montre avec tout tout de suite. Bien souvent chez Clarika, l’appréhension des soubresauts de la vie rencontre un fulgurant désir de légèreté. La chanson "Venise", en duo avec Pierre Lapointe, raconte un voyage manqué dans la capitale de l’amour, cerné par le fantôme de Visconti et des maîtres du cinéma italien.
On croise de nombreux personnages dans l’album de Clarika, un astronaute neurasthénique, une femme qui n’a pas peur de bousculer les codes du genre ou encore la dentellière rêvant à des nuits d’amour avec la Joconde, depuis son cadre du Louvre.
Un des plus beaux titres de l’album est pour moi "Ame ma sœur âme", un titre qui met en place un jeu sur l’intime et la pudeur dans lequel la chanteuse dialogue avec les aspérités de sa vie intérieure, révélatrices de ses forces et de ses fragilités.
Avec "L’azur", Clarika reprend un thème déjà abordé dans un titre précédent, bien mérité, celui du drame des migrants qui traversent la Méditerranée. Elle porte de nouveau un regard avec acuité sur la violence de notre époque.
A la lisière est donc un superbe album, composé de textes ciselés arrangés avec un grand soin. Clarika revient avec l’élégance qu’on lui connaît. On aime Clarika pour ce qu’elle est, une grande artiste, pour ce qu’elle dégage, de la folie à la mélancolie en passant par la franchise.
A la lisière est un concentré de tout cela, un album juste parfait qui nous parle du monde et de notre époque sans fioriture. C’est sûrement l’album qui lui ressemble le plus, celui dans lequel elle se dévoile à cœur ouvert.