Vian par Debout sur le Zinc
(Coproduction Jacques Canetti et DSLZ) septembre 2019
Il y a quelques temps, quand j’ai appris que Debout sur le Zinc s’attaquait à l’œuvre de Boris Vian, j’ai eu un frémissement.
Tout d’abord parce que Vian est l’un de mes auteurs préférés, c’est le premier à m’avoir mis les larmes aux yeux, que ce soit de tristesse avec L’écume des jours ou de rire avec d’autres de ces œuvres, que j’ai dévorées, comme J’irais cracher sur vos tombes ou Et on tuera tous les affreux.
Boris Vian aurait eu 100 ans l’année prochaine et Debout sur le Zinc lui rend un vibrant hommage. C’est après tout logique, on peut, sans rougir, qualifier Debout sur le Zinc de groupe littéraire. C’est un groupe qui fait virevolter, avec talent et grâce, les mots. Quoi de plus logique donc, qu’ils se frottent à l’œuvre du poète Boris Vian. C’est sous l’impulsion de Françoise Canetti qu’ils se sont penchés sur l’œuvre de Vian.
Je ne te ferais pas l’affront de te rappeler la biographie de Boris Vian, juste que cet auteur, poète et musicien, passionné de jazz, nous a offert une œuvre sublime (je t’ai prévenu que j’étais un admirateur de Vian). Debout sur le Zinc, plutôt que de reprendre, bêtement, Vian, se l’approprie, l’ingère et nous le restitue somptueusement.
Plus que cela, puisque le groupe nous offre 5 titres inédits de Vian : "Il est tard", titre sur lequel Vian évoque le désir masculin, DSLZ (Debout sur le Zinc, tu l’auras compris) nous le réinterprète sur un slow rock. Ils interprètent aussi "J’te Veux" où Vian évoque le désir féminin au travers d’un texte transgressif (tu imagines la tête du public à l’époque !). Ils nous proposent aussi "On fait des rêves", "Je voudrais pas crever", qui donnera son titre à un recueil rédigé lors de sa période sombre et enfin "S’il pleuvait des larmes". Ils nous offrent même une interprétation de "Ne vous mariez pas les filles", qui, avec 60 ans d’avance, dénonce le viol conjugal et pourrait être l’hymne du mouvement "Me Too". Leur interprétation JamaÏcan-ska n’en fait pas pour autant oublier le sérieux et la gravité de ce titre et qu’ils en soient remerciés ici.
DSLZ se fait plaisir sur "L’âme slave" qui leur permet d’exprimer pleinement leur amour de la musique au travers d’un foisonnement d’instruments (qu’ils maîtrisent à la perfection). Là où j’ai eu peur, c’est quand j’ai vu qu’ils réinterprétaient "Le déserteur", LE titre qui s’est imposé comme l’hymne à la paix, qualifié de pro civil par Vian. Et là, j’ai pris LA claque de ma vie. Une version folk song, digne de Bob Dylan, cette chanson écrite en pleine guerre d’Indochine, évoque par sa sonorité, dans cette réinterprétation, la période folk "guerre du Vietnam". Nous sommes très loin de la bête reprise, nous sommes en plein dans le chef-d’œuvre. Rien que d’en parler, j’en ai la chaire de poule.
DSLZ magnifie en 15 titres l’œuvre de Boris Vian et ultime clin d’œil malicieux, ils seront le jeudi 26 septembre sur la scène des Trois Baudets, là où Boris Vian, précisément, interpréta ses premières chansons, encouragé par un certain Jacques Canetti. Je leur souhaite le même succès mais une vie bien plus longue que celle de Vian !
Tu le sais, je vais t’encourager à aller les voir sur scène, tu n’as pas d’excuses, ils annoncent une tournée de 50 dates dans la francophonie. Mais je vais aussi t’encourager à écouter leur discographie, à aller lire Vian et j’espère que, dans les deux cas, tu y prendras autant de plaisir que j’en ai pris !
Je te connais, après avoir utilisé, sans modération le piano-cocktail (les amateurs comprendront) tu vas me dire : "mais comment faire pour trouver l’album ? Connaître les dates de concerts de ce spectacle qui s’annonce extraordinaire ? Y aura-t-il des biscuits au goûter ?"
Je ne peux pas répondre à toutes, mais avec les liens que je vais te proposer, tu auras la réponse à certaines !