Décidément l'Espagne s'impose de plus en plus sur la scène musicale actuelle. En effet, comme le fût (et le demeure) la Belgique, puis les pays scandinaves, l'Espagne s'émancipe à son tour de son passé musical.
Ces 3 pays, pour des raisons différentes, n'avaient jusqu'à il y a relativement récemment aucune raison de briller sur la scène rock dite indépendante (icf. l'article de Cédric sur The Unisex) comme la France d'ailleurs.
La Belgique parce que, en dehors de Jacques Brel, Adamo est resté pendant longtemps la seule star nationale. Les pays scandinaves parce que Abba a marqué au fer rouge plusieurs générations de teenagers viking et l'Espagne ne se relevait pas de son folklore flamenco omniprésent.
Toutefois, depuis quelques années, on sent que la scène musicale rock espagnole commence à pointer le bout de son nez. De Nacho Vegas, transition parfaite entre le folk ibérique et le songwriting d'outre Atlantique aux Sundays Drivers et leur pop acidulée l'Espagne n'a plus de quoi rougir face à la production anglo-saxonne voire américaine.
Tout cela pour introduire, vous l'aurez deviné, un groupe espagnol The Secret Society. Le groupe d'un espagnol pourrait on préciser en la personne de Pepo Marquez.
Il parait que ce garçon tient ses influences des années 80 et particulièrement de la scène hardcore et emo… C'est à ne pas y croire tant les chansons de ce Sad boys dance when no one's watching sont empreintes de douceurs et de calme et bien loin des décharges de décibels hardcoriennes.
A défaut de hardcore, découvrez la tension et la mélancolie des titres joliment ciselés.
De Nick Drake ("Fight Fire with fire") à Will Oldham ("City lights I", de Elliot Smith ("City lights II") à Nick Cave , les compositions de The Secret Society sentent bon l'automne. Chanson d'amour retrouvé, perdu ou vainement cherché.
Le morceau d'introduction pose directement l'ambiance. Guitare acoustique sur ce "Moving units" et chant intimiste qui se mêlent petit à petit à la puissance retenue d'une batterie allant crescendo. On pense au meilleur de Palace, à Sophia, mais aussi bien entendu à leur compatriote Migala.
"Night makes things look bigger" est presque une récréation sous forme de folk-americana et "Man Vs Machine" possède une rythmique qui n'est pas sans rappeler Neil Young.
"Sad Boys dance !!!", petit contrepied sautillant, oppose un rythme électro et une guitare acoustique, entre Smog et Swell.
Mais ce sont les deux titres chantés en espagnol qui sont en fait les deux points forts de ce disque. "De costa a costa" tout d'abord, sobre à l'extrême et puis "La leyenda del tiempo" un texte de Federico Garcia Lorca. Chanté en duo avec une voix féminine, ce titre mélange magnifiquement la guitare flamenco espagnole et la noirceur d'un blues à la Nick Cave relevé de quelques notes au piano.
A l'arrière de sa pochette se trouve une image montrant 2 interrupteurs sous titrée "Gracias, Thank you, Merci". Ce serait plutôt à nous de le remercier car il n'y a nulle envie de positionner les interrupteurs sur Off à la fin de l'écoute de ce disque mais plutôt sur Repeat. Remercions aussi Acuarela, label espagnol de qualité, relayé en France par le non moins remarquable Talitres, de nous avoir permis de découvrir The Secret Society.
Secret bien gardé que ce Sad boys dance when no one's watching. Il ne vous reste plus qu'à réparer cette injustice et de ne pas attendre d'être seul pour écouter et faire écouter ce disque ! Il mérite d'être connu.
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