Le Zèbre de Belleville est une petite salle dans le quartier du même nom à Paris. Plus familière des spectacles de cirque, elle range ses cordes et ses trapèzes et accueille de temps en temps des groupes de musiciens.
Benoît Dorémus est la vedette de la soirée, il vient de sortir un premier album Jeunesse se passe, salué par la critique sous le patronage plus que respectable de Renaud. L’attente est grande pour l’artiste dont le titre "J’écris faux et je chante de la main gauche" jouit déjà d’un succès radio.
Tout d’abord la première partie Eddy (la) Gooyatsh : nom impossible, personnage fantasque.
Il arrive sur la pointe des pieds dans sa veste caramel, cravaté. Le jeune homme a du style et jouant avec le lieu, mélange impro et récital. Guitare, ukulélé, avec des textes qui rappellent l’écriture de Thomas Fersen qui décline une situation : "Quand les autres étaient plus forts / drôles / etc / que moi… ».
Et sans en avoir l’air, avec quelques grimaces de benêt à la Fernand Raynaud, ce n’est rien moins que la Chanson française qu’il réduit à son plus simple appareil : « lalala, hou, hou, hou… mum, mum ».
Et nous sommes joués et reprenons avec lui : la la la.
Benoît Dorémus n’a pas la tâche facile. D’un chanteur seul, nous passons à un groupe étoffé : un pianiste/accordéoniste, un guitariste, un batteur, un bassiste.
Le tour de chant commence doucement, tristement. Dans les bulles il évoque la mort d’un ami de lycée. Charmé par la voix particulière et le talent d’écriture, le public ne se rend guère compte qu’on est en train de lui plomber l’ambiance.
Dorémus avoue lui-même qu’il n’a pas commencé par le plus drôle.
Le rythme s’accélère enfin et le public respire, reprend ses esprits et se souvient des paroles. Et on se met à penser que Dorémus est meilleur quand il exprime ses côtés NTM/ slameur avec "des mots qui claquent".
Il interprète avec justesse et émotion chacune de ses chansons, propose déjà des inédits. Il n’a pas tout épuisé avec son premier album : par exemple Je viens du cirque serait-elle un hommage au Zèbre … pas si sûr… L’autre cadeau est la reprise/adaptation de "That’s my people" de NTM, plaçant le groupe comme une influence majeure.
Néanmoins la prestation laisse un goût d’inachevé, comme si Dorémus et son groupe étaient passés un peu à côté. Est-ce le choix des enchaînements? La retenue de Benito?
A lui d’apprendre à s’amuser sur scène, et à prendre de la distance vis-à-vis de l’album.
D’un certain côté, trop appliquée, la soirée avec Dorémus manque encore de fantaisie et de vitalité. Laissons le groupe prendre un peu de patine. |