Tragédie d’Eschyle, traduction et mise en scène de Olivier Py, musique et chef de chant Stéphane Leach, avec Anne Benoit, Nazim Boudjenah, Bénédicte Cerutti, Céline Chéenne, Michel Fau, Philippe Girard, Frédéric Giroutru, Miloud Khetib, Olivier Py, Alexandra Scicluna, Bruno Sermonne, Nada Strancar, le Choeur (Damien Bigourdan, Christophe Le Hazif, Mary Saint-Palais et Sandrine Sutter) et le Quatuor Léonis (Thomas Gautier, Guillaume Antonini, Christophe Le Hazif, Alphonse Dervieux et Jean-Lou Loger).

Directeur du Théâtre de l'Odéon depuis 2007, Olivier Py, comédien, metteur en scène de théâtre de d'opéra, auteur dramatique, monte son premier spectacle en ce lieu.

Son choix s'est porté sur "L'Orestie", la trilogie d'Eschyle qui raconte l'histoire mythique des descendants d'Argos qui, de Agamemnon à Oreste, clôt un cycle de vengeances et de morts dictés par des forces obscures pour parvenir à la raison et à la séparation de l'Etat et des dieux.

L'affiche, une silhouette humaine, homme ou dieu, dont la combustion illumine les ténèbres, est à l'image de ce grand oeuvre conçu comme un opéra grandiose et majestueux, un spectacle monumental et spectaculaire qui repose sur la puissance de la parole ici concrétisée par une langue nerveuse, poétique tout en étant contemporaine, dans une traduction d'Olivir Py, qui induit un lyrisme échevelé.

Cette fresque dantesque s'ouvre sur un cri, celui du veilleur, qui crie "Dieux ! Délivrez-moi de mes souffrances!". Et le veilleur, c'est OIivier Py. Bien sûr.

La scénographie, marquée par la verticalité, du tréfonds de l'Erèbe à l'Olympe éthérée, entre lesquels repose la strate humaine et un décor subtil conçu par Pierre-André Weitz, un décor protéiforme toujours en mouvement, qui se modifie de manière morphique sans bruit, tout en fluidité, grand monolithe métallique qui symbolise le palais des Atrides comme le site sacré de Delphes et la cité athénienne, est saisissante.

Un choeur classique admirable, mené par le Quatuor Léonis dont la performance scénique et vocale de chaque officiant doit être saluée, chante en grec sur une singulière et syncrétique partition musicale évocatrice d'une liturgie païenne de Stéphane Leach, soutient et accompagne l'action.

Trouvant souvent son incarnation, de la profération (Nada Strancar impériale et Céline Chéenne ) à la déclamation (Philippe Girard et Frédéric Giroutru parfaits) du tragique (Nazim Boudjenah résolument "tripal") à l'opéra bouffe (Michel Fau imperturbable et incroyablement sobre), de la farce au burlesque, du péplum à l'ascèse (Alexandra Scicluna grandiose), la mise en scène foisonnante, et intelligente, ce qui n'est pas antinomique, d'Olivier Py procède de la surabondance enthousiasmante.

En conclusion, un spectacle indispensable.