Marie Vindy a-t-elle écouté l'Outside de David Bowie avant d'accepter de devenir l'auteur du nouveau Mona Cabriole ? 11ème arrondissement, celui du rock, pour la journaliste de Paris News, neuvième plume déjà à se coller au jeu du relais romanesque ; et l'on songe aux aventures jamais continuées du détective-professeur Nathan Adler lorsque apparaît le meurtre ritualisé d'une jeune femme dans l'appartement même du chanteur de rock qu'elle adulait.
De ce point de départ, le roman déroule un univers noir, psychopatique, où errent les obsessions plus ou moins délirantes de ses différents protagonistes, à commencer par le chanteur rock en question, Baze Winkler, auquel on ne peut s'empêcher de trouver des airs de ressemblance avec la gueule christique et cassée que l'on avait voulu faire à Bertrand Cantat en juillet 2003.
Mais il y a une autre dimension à ce Onzième parano : en authentique héroïne de Polar, Mona Cabriole y apprend à travailler en équipe, entre un avocat presque mondain, un ami policier aux indiscrétions appropriées et une profileuse asiatique. Etrange sensation télévisuelle. Sous la plume de Marie Vindy, chroniqueuse judiciaire et auteur de polar (de polars seulement), la série sacrifie ainsi parfois aux passages obligés qui vous attachent à un genre (du policier taciturne aux rendez-vous nocturnes plus ou moins impromptus en passant par les galeries de personnages très typés).
Et le rock, dans tout ça ? Là aussi, on se croirait dans un film de genre, où les incontournables d'avant-hier (Hendrix, le Velvet Underground), côtoieraient les grands noms d'hier (Sonic Youth, Nirvana) et ceux du jour, qu'ils soient glorioles de passages, curiosités médiatiques ou l'histoire d'une musique encore en train de s'écrire (Camille, les Libertines ou Emmanuelle Seigner). Une bande son qui ne sortirait pas, pour être honnête, des sentiers battus si le roman ne s'était ainsi inspiré si directement de la chanson "Clotilde" de la très confidentielle formation Méchant Cheval, originaire, comme l'auteur, de Bourgogne.
Un roman aux vrais-faux airs de série policière un peu sombre, où l'on s'attendrait à voir surgir la bande de ripoux de la série télévisée Braquo si Mona Cabriole n'avait pas parfois ces airs un peu naïfs de Marie Pervenche post-moderne qui espérerait toujours finir par réussir à se ranger – de tout : l'amour, l'alcool, son job, les nuits trop courtes, le rock lui-même). Entre gris clair et gris foncé, comme disait l'autre. |