Efterklang manie le paradoxe. Afin d'ouvrir leur horizon musical, le trio danois est allé se cloîtrer une dizaine de jours à Piramida, ancienne ville minière en lent état de décrépitude, dans l'archipel de Svalbard au-delà du cercle polaire, pour trouver l'inspiration et enregistrer des sons.
Vincent Moon de la Blogothèque était du voyage afin de réaliser un documentaire vidéo sur cette expérience musicale. Sur le site du groupe, dans une courte séquence, on voit Rasmus enregistrer le son de ses pas alors qu'il court sur un pont de bois.
A leur musique volontiers orchestrée, ils ont donc apporté ces ingrédients organiques, et même composé autour de ces motifs sonores. Pourtant, Piramida demeure un ensemble de chansons pop, accessibles, mélodiques, et ne tourne jamais en une boullie expérimentale.
Dès "Hollow Mountain", la piste qui ouvre cet album ambitieux, on comprend que le groupe nous emmènera sur des chemins loin des sentiers battus, avec son cortège de sons, de percussions dont on ne détermine pas l'origine, de choeurs, de nappes synthétiques et de courtes interventions de cordes. "Apples", plus sage mais enrichie de cuivres, sera un des rare instants de lumière franche au coeur de cette "Piramida" scintillante par fine touches et empreinte de nostalgie.
Album riche, chaque nouvelle écoute apporte son lot de découvertes, non pas de sons nouveaux ou d'interventions instrumentales, mais plutôt de nuances harmoniques et d'émotions qui y sont rattachées. Certes, Piramida ne s'apprivoise pas dès la première écoute, c'est à l'auditeur de se l'approprier mais il en est largement récompensé. Piramida a tout pour devenir un un album culte qu'on écoutera encore plusieurs années, à l'instar du Ting des Nits dont il se rapproche parfois par les ambiances et le chant.
Efterklang signe ici un des plus beaux albums du label 4AD depuis le début de la décennie, fragile et brillant comme un flocon de neige. |