Evocation cabarettique de Céline Milliat Baumgartner, mise en scène de Valérie Lesort, avec Céline Milliat Baumgartner et Manuel Peskine.
De la vie de Norma Jean devenue Marylin par la magie de Hollywood, on sait presque tout, mais on est toujours surpris de voir combien le sort s'est acharné sur cette gentille fille pour transformer le rêve sucré en cauchemar salé. Cécile Milliat Baumgartner revient longuement sur la fin de cette vie sans trop insister sur ce qui minait la jeune femme engagée dans une trentaine problématique. Ce qui retient son attention, c'est la concordance des temps entre l'actrice, la dernière star "bigger than life" avant le triomphe du petit écran, et sa grand-mère née la même année qu'elle. Récit par petites touches presque delermiennes, "Marilyn, ma Grand-mère et moi" est conte sans pathos par l'actrice-chanteuse. Dans le cercle lumineux conçu par Valérie Lesort, qui pourrait être une piste de cirque, mais qui se rapproche plutôt d'une scène de théâtre ou de music-hall par la présence en ligne de fond d'ampoules, Céline Milliat Baumgartner utilise son micro pour chanter et l'oublie pour parler. Côté jardin, assis à son piano, Manuel Peskine, semble l'écouter prêt à poser la note qu'il faut pour illustrer son propos. Tout en charme, tout en émotion, ce joli spectacle gentiment féministe rappelle à tous ceux qui veulent l'oublier qu'icône mondiale ou petite alsacienne, Marilyn mythique ou Marie-Thérèse pas très différente des autres femmes nées en 1926, comète au destin solitaire ou petite ouvrière née pour être grand-mère, toutes les femmes ont dû affronter une espèce qui se pensait supérieur, un genre parfois jaloux, parfois goujat. Coproduit par Le Préau, CDN de Normandie, et le Bateau Feu scène Nationale de Dunkerque, "Marilyn, ma Grand-mère et moi" en est à ses toutes premières représentations. Ce beau texte de Céline Milliat Baumgartner n'a pas encore révélé tout son potentiel. Pourtant il laisse déjà un sentiment agréable, celui d'une nostalgie jamais forcée, riche en détails criants de vérité. |