Comédie de Jean-Marie Besset, mise en scène de Nicolas Vial, avec Sabine Haudepin et François-Eric Gendron.
L'intrigant titre "Duc et Pioche" de l'opus de Jean-Marie Besset est éclairé par son sous-titre "Dialogue entre Madame de La Fayette et Monsieur de la Rochefoucauld", Pioche étant le patronyme de naissance du père roturier de la première et le second pair de France ayant la qualité nobiliaire de duc.
Inscrit dans les genres du théâtre de conversation et de la fantaisie historique, il se compose d'une suite de dialogues fictionnels ordonné autour de leur singulière relation, amitié amoureuse ou amour amical, et de la genèse du roman culte "La Princesse de Clèves".
Se délectant de l'emploi de la belle langue française du 18ème siècle, l'auteur aborde les thèmes de la passion en ce siècle où naît "cet alliage si français du désir cru des passions sensuelles avec une perspective hypercultivée du monde"comme indiqué dans sa note d'intention, et du processus de création littéraire.
Jean-Marie Besset synthétise leur relation de longue date scandée par la visite privée quotidienne de La Rochefoucauld, relation que Madame de Layette a loué comme source d'un enrichissement réciproque en déclarant "M. de La Rochefoucauld m’a donné de l’esprit, mais j’ai réformé son cœur", en se situant au moment où elle est durablement établie.
Et il développe comme situation celle où Madame de Layette lui confie son ambitieux projet de créer un nouveau genre romanesque dédié aux mouvements de l'âme sur le sujet de l'amour entendu comme une passion funeste quand elle ne s'accommode pas des petits arrangements avec la vertu et la morale, pour lequel elle elle sollicite la contribution de La Rochefoucauld tant pour son écoute et son conseil que sa critique.
La mise en scène de Nicolas Vial accompagne parfaitement la partition qui magnifie le goût de la belle langue, du vocabulaire précis et de la syntaxe élégante.
Dans un décor de boudoir-bureau sous les belles lumières de François Loiseau, devisent, au fil des ans, Madie, la femme de lettres, et François, le moraliste et mémorialiste, superbement incarnés par Sabine Haudepin et François-Eric Gendron.
Au diapason et en synergie, ils forment le délicieux duo d'amis indéfectiblement liés et distillent de manière émérite ces subtils échanges de haute volée. |