Comédie dramatique de Gilles Granouillet, mise en scène de Jacques Descorde, avec Jean Alibert, Maryline Even, Stéphane Schoukroun et Carole Thibaut.
Dans une banlieue triste, au bord du monde, dont les habitants vivent du travail aux abattoirs, une femme vient rendre visite à son frère, sa belle-soeur et sa mère après une longue absence.
C'est la seule de la famille qui se soit sortie de ce trou. Ce brutal retour à une vie qu'elle aurait souhaité totalement oublier se soldera par un meurtre.
On retrouve dans cette pièce des thèmes abordés au cinéma par Bruno Dumont ou les frères Dardenne, un théâtre du réel qui traite de la perte de repères dans nos sociétés et de la culpabilité des laissés-pour-compte.
Dans le rôle du frère, Jean Alibert s'impose par son jeu monolithique et son physique massif. Vieillie, les cheveux teints en gris, Maryline Even est elle aussi irréprochable. Quant à Carole Thibaut, elle joue avec beaucoup de conviction le rôle de cette soeur à la fois forte, fragile et manipulatrice. Enfin, assurant plusieurs rôles plus ingrats, Stéphane Schoukroun n'en est pas moins impeccable.
Le texte de Gilles Granouillet pose bien les personnages. Les dialogues minimalistes, où les sentiments s'expriment difficilement, créent efficacement le cadre de cette société mise en marge.
La mise en scène parfaitement maîtrisée de Jacques Descorde est tendue, joue des silences, et laisse le malaise s'instiller doucement. Les lumières de David Laurie, essentiellement composées de néons froids qui grésillent et de demies-teintes obscures, amplifient l'atmosphère lourde dans laquelle baigne cette pièce.
"Combat" est une parenthèse dans le temps, dure, sans concession mais intense. |