Monologue écrit et interprété par Abel Aboualiten.
Depuis Molière et son Tartuffe, les pratiques et l'hypocrisie religieuse étaient des sujets un peu tombés en désuétude au théâtre faute d'intérêt dans une France laïque et en paix avec les différentes pratiques confessionnelles.
Le retour dans l'actualité de thèmes comme l'identité musulmane et son intégration au modèle français laïc pousse à nouveau les artistes à réfléchir sur les pratiques de leur confession et la liberté individuelle de conscience.
Dans son spectacle "Je suis un prophète, c'est mon fils qui l'a dit", Abel Aboualiten, seul en scène, parle de son expérience de jeune Berbère marocain immigré de ses montagnes pour la ville, puis la France, vis à vis de la religion islamique.
Il dénonce la pratique mécanique de la religion, de ceux qui officient sans comprendre ce qui se cache derrière les prières et les traditions et revendique un agnosticisme dérivé selon lui des haines et contradictions qu'il a trouvé dans les textes sacrés et leur application. Le caractère choquant et honteux au sein de sa communauté de son choix pose les bonnes questions : tout ne peut-il donc pas être dit et pensé au pays de Voltaire ? Et pourquoi ?
Très visuel, son spectacle se centre autant sur le geste que sur le verbe, avec de très jolis éclairages et poses qui expriment mieux que mille mots les émotions et les vécus qui submergent notre héros dans son plongeon dans le passé.
Car outre la réflexion idéologique et sociétale, c'est une expérience très personnelle que Abel Aboualiten a souhaité partager avec le spectateur, expérience emplie de sentiments, d'anecdotes et souvenirs plus ou moins confus, voire en vrac.
Si le côté un peu fourre-tout de ce spectacle peut parfois dérouter, on se laisse vite embarquer dans le monde d'Abel Aboualiten empli de poésie, d'amour et d'humour, avec un bel hommage rendu à la maman du comédien et à la féminité en général garante, selon lui de valeurs comme la vie et l'amour et malheureusement trop souvent opprimées ou méprisées dans les religions occidentales. |