Comédie de Carlo Goldoni, mise en scène de Julien Delbès, avec Montassar Alaya, Claire Bosse-Platière, Marianne Caillet, Adrien Guitton, Amandine Piot, Julien Rouvière (ou Julien Delbès) et Mathias Zakhar (ou Eric Pucheu).
Avec "Les Amoureux" de Carlo Goldoni, dans une version revisitée émaillées de références tant cinématographiques que de soap opera et d'intermèdes musicaux dignes des comédies sentimentales, concoctée et alertement mise en scène par Julien Delbès, la Compagnie Alacompote propose un divertissement acidulé aux petits oignons plein de vivacité et de fraîcheur.
Dans cette comédie en forme de farce prénuptiale qui pourrait tourner au drame, Goldoni soumet deux jeunes tourtereaux qui s'aiment d'un amour passionné et qui ont tout pour être heureux, à défaut de barbon, père ou tuteur agité par la fièvre marieuse, à l'épreuve de l'orgueil et de la jalousie.
Le marivaudage prend alors une allure sado-masochiste malgré une soeur qui joue les bons offices (Amandine Piot), un oncle prodigue qui se prend pour un "master chef" (Montassar Alaya truculent), une soubrette pétulante (Marianne Caillet épatante en adepte du suggestif plumeau télescopique et rétractable qu'elle dégaine comme l'épée du Jedi) et l'entremise de tous les proches (Adrien Guitton talent comique qui joue les Fregoli en enchaînant plusieurs rôles) et un faux comte coureur de dot (Julien Delbès).
Trois rideaux, une table, trois chaises et une sonnette suffisent à brosser le décor et découper l'espace scénique exigu pour conforter l'impression de mouvement, qui de crescendo, confine au tourbillon dans lequel est emporté le couple d'amoureux idéalement servi par Claire Bosse-Platière et Eric Pucheu autour duquel gravite la pièce.
Ils sont jeunes, beaux, gracieux même dans le surjeu de rigueur, et charmants dans leurs chamailleries et leurs chagrins nés de soupçons imaginaires qui font succomber le spectateur sous ces feux de l'amour juvénile.
Prenant autant de liberté avec la partition originale qu'il respecte la codification des rôles héritée de la commedia dell’arte reprise par Goldoni dont le théâtre est affaire de troupe, Julien Delbès dirige efficacement une troupe de jeunes comédiens qui délivre un divertissement aussi roboratif que sémillant. |