Conte écrit et mis en scène par Jean-Michel Rabeux d'après l'oeuvre éponyme de Charles Perrault, avec Avec Aurélia Arto, Hugo Dillon et Christophe Sauger.
Juste avant de mourir, la reine à fait promettre au roi (Hugo Dillon à la complexité fascinante) de se remarier, à condition que sa future épouse soit plus belle qu’elle.
Dans un décor fait de bric et de broc (des tentures bigarrées accrochées à la manière d’un camp nomade), Jean-Michel Rabeux prend le conte de Charles Perrault comme point de départ de son "Peau d’âne" qu’il accommode à sa façon évidemment.
C’est la fée, marraine de l’infante, toute droit sortie d’une pièce de Copi (Christophe Sauger, hilarant) qui est ici la narratrice de ce délire inventif et pétulant. Toujours un peu à côté de la plaque mais plein de bonne volonté pour aider sa filleule, le personnage apporte le comique nécessaire pour faire passer un tel sujet car, sous des dehors plus ou moins farcesques, c’est ni plus ni moins que de l’inceste dont parle ce conte.
Mais Jean-Michel Rabeux réussit de façon admirable et avec une grande délicatesse, à aborder le propos à destination du jeune public sans que ce ne soit ni pesant ni lénifiant Et quand le drame s’installe, le rire vient à la rescousse, sans toutefois ne jamais rien occulter.
Brillamment, le metteur en scène crée un univers merveilleux à partir de trois fois rien, avec l’appui des costumes absolument somptueux de Pierre-André Weitz, fait des clins d’œil très appuyés au monde des contes mais dénonce aussi le règne de l’apparence et de la publicité.
Au final, il aura concocté un spectacle aussi ludique que pédagogique s’adressant aux enfants bien-sûr mais aussi à celui qui est en nous, dans la jubilation pure du jeu. Et c’est une réussite totale et un récit qui sans être didactique ouvre quantité de pistes de réflexion.
Sur ce conte qui parle aussi de la fin de l’enfance, c’est la géniale Aurélia Arto (découverte dans "Les Bonnes" mis en scène par Guilaume Clayssen) qui en est le rôle-titre. Elle colle parfaitement à l’univers de Rabeux et dirigée avec finesse, met son talent au service de cette belle mise en scène.
Passant d’un caractère à son extrême inverse en quelques secondes comme seuls savent le faire les enfants, elle enchante le spectacle de sa personnalité rare et de sa grâce. Sa version du "It’s Oh So Quiet" de Bjork est totalement inoubliable.
Un bonheur de spectacle artisanal comme inventé dans le fond d’un grenier par des gamins turbulents (et qui, en plus, se termine bien) à voir impérativement. |