Comédie dramatique de Harold Pinter, mise en scène de Stéphanie Wurtz, avec François Lis et Patrick Courtois.
Deux tueurs sont dans une salle de pole dance, en sous sol. Ils attendent de savoir qui va être leur victime ce soir… Angoisse, tension, puis soudain, un bruit étrange, celui d’un monte-plats, qui apporte toutes sortes de commandes, et qui suscite bien des interrogations.
La phrase d’accroche de cette mise en scène de "Le monte-plats" de Harold Pinter au Théâtre Les Déchargeurs est "La tension monte… jusqu’à l’issue fatale… mais fatale pour qui ?".
Le moins que l’on puisse dire est que si Stéphanie Wurtz recherchait la tension, l’attente, et même l’oppression, elle a atteint son but. Car cette pièce est oppressante. La couleur rouge, omniprésente, est oppressante. La musique, de la techno, est oppressante. Et le personnage de Ben est bien plus qu’angoissant.
Le tout est bien sûr magnifiquement cohérent, on attend, on se demande, on a peur, on suppose… Le suspense est au rendez-vous, même si, trop souvent, il met mal à l’aise. Cette pièce n’est pas douce non, elle se veut psychologiquement violente, elle tire le spectateur de n’importe quelle rêvasserie possible, et brusque les oreilles et les yeux.
C’est une étrange expérience, une attirance pour ce qui nous bouscule, une relation presque sadique avec ces deux personnages qui se demandent, autant que nous, qui va être la victime. Parfois, on pense avoir trouvé la réponse… Et puis en fait…
La scénographie, simplissime, n’a pas besoin d’être plus complexe car l’essentiel est là : le décor, ce lieu, cette salle de pôle dance dans laquelle ces deux gaillards ne semblent pas à leur place. Tuer serait-il leur plaisir ? Le rouge n’a jamais aussi bien porté sa double signification : la passion de cette salle, contre le bain de sang dans lequel cette situation va se conclure. Dans tous les cas, les mots des deux comédiens suffisent à porter l’histoire, tout comme leurs regards.
Sans trop en dire, Stéphanie Wurtz, Patrick Courtois et François Lis tiennent le mystère jusqu'au rebondissement final. Une horloge, qui symbolise le temps qui passe, placée au bon endroit, au bon moment, des mots, des phrases, (nous suppression) font croire que nous avons levé le voile…
Et puis, comme une explosion, une atteinte à la pudeur, on comprend que l’on s’était trompé. C’est violent, c’est bruyant, mais la promesse est tenue : la tension monte, sans laisser de répit.
Clémence Réach |