Spectacle conçu et mis en scène par Julie Berès, avec Evelyne Didi, Matthieu Gary, Vasil Tasevski, Christian Bouillette et Julie Pilod.
Pour la neuvième création de sa Compagnie Les cambrioleurs qui oeuvre pour "un théâtre sensoriel, suggestif et kaléidoscopique ", Julie Berès a choisi comme thématique la vieillesse, qui est sous les feux de l'actualité avec le film "Amour" de Michael Haneke et dont elle explore la même situation mais dans un registre bien différent.
Pour, indique-t-elle dans sa note d'intention, "parler de la vieillesse comme un âge à part entière, qui ne soit pas seulement la conclusion d’une existence, mais un âge de tous les combats, nourri encore par de grandes espérances", Julie Bérès a conçu et mis en scène "Lendemains de fête" qui se veut le voyage mnésique d’un septuagénaire atteint de sénilité qui brûle ses derniers feux face à son épouse qui tente de retenir son engloutissement dans le gouffre du néant cérébral.
Sur cette thématique, même si les mots permettent de transcender la réalité prosaïque, à l'instar de ceux de Vladimir Jankélévitch qui évoque "l’insurmontable finitude", la sentence de Chateaubriand est sans appel : la vieillesse est un naufrage.
Et sa "représentation" autre que littéraire semble vouée à une seule alternative : la sublimation ou la transgression burlesque comme pratiquées par certains photographes, dont Donigan Cumming et Nicholas Nixon, et metteurs en scène tel Jean-Michel Rabeux. Ce qui n'est pas le cas en l'espèce.
Si pour certains, les lendemains de fêtes de Julie Berès constituent un voyage onirique montrant la poésie de vieux corps désirants, allant jusqu'à la nudité et la monstration de l'acte sexuel, et une performance de conscience incarnée, pour d'autres, ils sont plus glauques que les réveils avec gueule de bois et plus déprimant qu'un opus de "Strip-tease" sur les après-midi dansant en maison de retraite.
Comédiens et circassiens, ces derniers dans des numéros de trampoline et d'acrobatie métaphore de la jeunesse et de l'agilité perdues, se meuvent dans la pénombre, pour adoucir la réalité et préserver la pudeur, dans un dispositif scénique particulièrement laid, et qui n'a rien à voir avec la beauté cachée des laids gainsbourienne, avec notamment un magmas informe pour dissimuler l'agrès, et une partition textuelle rudimentaire résultant d'une écriture de plateau.
Un bonheur toutefois, la présence talentueuse de Julie Pilod. |