Monologue dramatique écrit et mis en scène par Marina Damestoy et interprété par Pénélope Perdereau.
Après un prologue qui démarre dans le hall d’accueil, que certains ont la chance de voir, elle entre sur scène et rejoint un carton posé à terre. Elle revit alors son parcours, quelques années auparavant.
"A la rue, O.Bloque" est l’adaptation par Marina Damestoy de son roman "Mangez-moi" dans lequel elle raconte la vie dans la rue d’une jeune femme bien éduquée et d’un certain niveau social qui se retrouve à la place d’une S.D.F pendant quelques temps.
Son activisme militant, sa volonté et sa tentative de témoignage nous entraîne dans un texte entre documentaire et fiction, analyse sociologique et œuvre poétique. C’est évidemment tout sauf un texte fait pour le théâtre d’où la gageure de le porter à la scène.
Rien ne pourrait en effet paraître plus faux que de projeter sur un plateau les circonvolutions quotidiennes du cerveau de cette femme en situation précaire confrontée à l’indifférence de la société ; tout ceci étant très "écrit", bien loin du langage de la rue.
C’était sans compter le talent immense de la comédienne Pénélope Perdereau qui avec abnégation et pugnacité prend ce texte à son compte et peu à peu le réinvente, conquérant au passage avec maestria les spectateurs fascinés. Les scènes courtes, flashs aveuglants sur un monde incolore, s’enchaînent, juste séparés par des intermèdes sombres que les compositions sonores de Flex Rex transforment en séquences oppressantes.
On aimerait être plus touchés encore par cette expérience extrême, ce témoignage d’un pan de la société nié et oublié mais "A la rue O.Bloque" a au moins le mérite d’attirer l’attention sur le problème.
Et à voir sa sincérité évidente et son investissement (elle est notamment l’initiatrice du mouvement social Génération Précaire et co-fondatrice de Jeudi-Noir), on peut être sur que Marina Damestoy continuera encore à se battre et à dénoncer l’indécence d’un monde en piteux état.
Si elle continue à la faire avec des comédiens comme Pénélope Perdereau, gageons qu’elle portera loin et fort sa parole éloquente. |