Monologue dramatique d'après l'oeuvre éponyme de Thomas Bernhard dit par Serge Merlin dans une mise en scène de Blandine Masson et Alain Françon.
Sur la petite scène du Théâtre de l’Oeuvre, Serge Merlin reprend "Extinction" de Thomas Bernhard, dans lequel il a déjà triomphé il y a quelques années, le dernier roman de l’auteur autrichien qui y évoque son enfance pendant et après la seconde guerre mondiale
A sa table, sur laquelle seules quelques lampes sont braquées, devant une toile peinte représentant un extérieur bucolique où quelques cygnes passent sur le petit lac non loin d’une belle demeure, le comédien, regard noir et voix caverneuse, nous plonge immédiatement dans l’Autriche du siècle dernier.
Dans ce texte, Thomas Bernhard règle ses comptes avec sa famille et la ville de son enfance : Wolfsegg, "bastion du national-socialisme et du catholicisme". Le roman démarre lorsque le narrateur, exilé à Rome, revient en Autriche à la suite de la mort de ses parents, pour se débarrasser du domaine familial qu’il exècre. Il reproche à ses parents à l’esprit mercantile, la haine de l’art et de la culture.
Non sans humour (la description de ses sœurs notamment, est particulièrement savoureuse), l’auteur pour qui "l’exagération est le seul moyen d’affronter l’existence" se livre à la liquidation de ses souvenirs comme pour s’en délivrer, tentant d’éteindre à tout jamais ce que sa ville et sa famille représentent pour lui.
Traumatisé par ce pays où les nazis ont séjourné en toute discrétion, Il ira même jusqu’à faire le leg de la demeure familiale à la communauté israélite de Vienne.
Immense texte et immense acteur, épaulé avec talent par Blandine Masson et Alain Françon, qui captive plus d’une heure durant, le corps et le visage toujours en mouvement, d’une rage sourde et profonde.
Un monologue qui laisse le spectateur admiratif de tant de talent et abasourdi par un texte brillant, aussi sombre qu’indispensable. |