Spectacle conçu et mis en scène par Jérémie Bédrune, avec Jean-Philippe Ricci, et Gregoire Baujat.
"American Bastard" suit le trajet d'un truand des années 50 jusqu'aux années 80. Même si la pièce est tirée d'"American Desperado", les mémoires de Jon Roberts, ce sont d'abord trente années de film noir que le spectateur traverse en un peu plus d'une heure.
Les épisodes retenus pour monter ce spectacle sont des scènes classiques du cinéma hollywoodien. La pièce s'ouvre sur ce qui ressemble à une chambre d’exécution, puis on assiste à un assassinat de sang-froid par le père du personnage principal.
Plus tard viendront le passage à tabac à coups de batte de baseball, les expéditions punitives contre des villages durant la guerre du Vietnam, le trafic de drogue, les clubs... En arrière de la scène, ce sont Cimino, De Palma, Scorcese, James Gray qu'on croise.
Cette impression de film noir provient bien entendu d'un certain imaginaire de la culture américaine forgé par le cinéma, mais aussi des choix de mise en scène de Jérémie Bédrune qui met en avant les atmosphères créées à la fois par les dessins d'Emilie Rouge, les lumières sales, entre néons et obscurité, de Sami Jelidi et les musiques, discrètes mais pesantes, de Romain Mascagni interprétées en direct.
Jean-Philippe Ricci, "gueule" du cinéma français depuis son rôle de bras droit de Niels Arestrup dans "Un prophète", porte la pièce sur ses épaules, alternant de longs monologues et des échanges secs avec Grégoire Baujat qui interprète de nombreuses figures masculines croisées par le héros. On regrettera toutefois que Grégoire Baujat, lorsqu'il interprète des personnages de psychopathes, prenne plus exemple sur "Didier l'embrouille" que sur Joe Pesci.
Pièce tendue, au texte dur et à la mise en scène au cordeau, "American Bastard" est porté par un acteur solide, investi dans son rôle, Jean-Philippe Ricci. Mais c'est avant tout la mise en scène originale, nourrie aux films de gangsters, de Jérémie Bédrune qu'on retiendra.
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