Monologue dramatique d'après le journal de Françoise Sagan interprété par Christine Culerier dans une mise en scène de Christine Culerier et Michelle Ruivo. En prenant comme pseudonyme, le nom d'un personnage de Proust, Françoise Quoirez ne savait pas encore qu'elle allait vivre une vie de roman, une vie comme dans ses romans.
A 22 ans, le "charmant petit monstre", comme disait d'elle le sarcastique François Mauriac, après quelques tonneaux de son Aston Martin qu'elle conduisait à tombeau ouvert, allait payer le prix fort pour survivre.
Soignée à la morphine, elle tentait une première fois de se débarrasser de ce poison dans une cure de désintoxication. " Toxique" est le récit de ce moment-clé sous la forme d'un court journal.
Christine Culerier l'a adapté pour la scène et a pris les habits de la romancière. Formée à la "Méthode", notamment par Andréas Voutsinas, elle ne cherche pas à ressembler physiquement à la frêle jeune fille qu'est encore Sagan.
Elle intériorise le rôle sur une scène où trône le lit de fer supposé styliser la chambre de la maison de santé où elle a atterri après trois mois entre la vie et la mort à l'hôpital, là où elle a survécu à fortes doses médicamenteuses. Le récit est clair : Françoise ne va pas bien.
Elle découvre l'envers de la célébrité, une espèce de prix fort faustien qu'elle doit maintenant payer pour survivre et continuer sur pour quoi elle est faite : écrire. Dans ce brouillard d'où émerge peu à peu des éclairs de lucidité, elle fait le point sur sa courte vie qui s'est emballée après la parution de "Bonjour Tristesse".
Christine Culerier a étoffé le court texte de Sagan par des extraits d'interviews qu'elle accorda à la même époque.
Grâce à son jeu, presque dansant, tout en souplesse, entre le lit et le reste de la scène, souvent prenant des notes ou remplissant un verre de l'eau d'une carafe posée sur la table de son chevet, Christine Culerier donne à voir un personnage ne pouvant rester en place, se cherchant et cherchant un équilibre nouveau. Erratique, mot par mot elle se reconstitue... Mais ses résolutions ont tout d'une reddition, d'une acceptation des drogues et de l'alcool.
La transposition sur scène est convaincante et Christine Culerier, qui a co-mis en scène avec Michelle Ruivo, réussit son pari : mettre en lumière un moment, mal connu mais combien fondateur, de l'existence de Françoise Sagan. |