Comédie de Sacha Judaszko et Fabrice Donnio, mise en scène de Jean-Luc Moreau, avec Daniel-Jean Colloredo, Fabrice Donnio Joy Esther, Arnaud Gidoin et Sacha Judaszko. "La Moustache" ou comment, du rasage d'un barbu interrompu par une malencontreuse coupure d'électricité résulte une pilosité à la forme de sinistre mémoire qui modifie le regard de ses proches.
Car pour les auteurs de cette comédie jubilatoire résolument comique, et néanmoins à "double effet Kiss Kool", si l'habit ne fait pas le moine, en l'occurrence, la bacchante fait l'homme.
A l'écriture, Sacha Judaszko et Fabrice Donnio s'en donnent à coeur joie pour soumettre les zygomatiques du spectateur à une séance intense d'aérobic en usant, à l'envi et sans souci de modération, de tous les ressorts comiques, trivial et trash inclus, des codes du théâtre de boulevard et d'un roboratif humour au second degré parfois noir sur le mode desprogien.
Et, comme ils ne se refusent rien, même l'invraisemblance, ils établissent sans doute un nouveau record à l'heure du nombre de quiproquos qui émaillent leur partition mise au service d'un propos humaniste, la lutte contre la xénophobie, le racisme et l'antisémitisme, et qui constitue une épreuve réussie pour le principal protagoniste.
Alors, certes, ils ne font pas dans la dentelle mais comme l'indique dans sa note d'intention Jean-Luc Moreau, qui assure une mise en scène vibrionnante dont il a le secret, "tant pis pour les culs bénis de la pensée ouatée" et, au jeu, bien évidemment survolté, sévit une fine équipe qui, elle-même, résiste difficilement au fou rire tant sont "hénaurmes" les situations et surréalistes les dialogues.
Arnaud Gidoin, acteur "crossover" aguerri, campe parfaitement le moustachu ahuri, homme discret et réservé de la catégorie des transparents, qui se trouve ainsi emporté, notamment face à son futur - et tonitruant - beau-père portant kippa interprété par Daniel-Jean Colloredo, épatant dans une ébouriffante déclinaison defunesienne, dans une spirale caricaturale de l'infamie.
De plus, celle-ci est aggravée par les bévues volontaires et perverses d'un invasif concierge cumulant toutes les tares de la beaufitude, rôle dans lequel excelle Sacha Judaszko au terme d'un grandiose numéro d'acteur.
Compères et complices, ils forment un excellent avatar du trio vaudevillesque bien entouré par Joy Esther, en fiancée qui n'est pas cantonnée au rôle de jolie potiche, et Fabrice Donnio en ami écornifleur rompu aux mauvaises blagues. Divertissement assuré sur un sujet fort. |