Cabaret théâtro-musical conçu sous la direction et la mise en scène de Raymond Acquaviva dispensé par Pierre Boulben, Louise Corcelette, Benoit Facerias, Philippine Martinot, Quentin Morant, Fabio Riche, Lani Sogoyou et Joséphine Thoby accompagnés par l'accordéonniste Aude Giuliano (en alternance Guy Giuliano ou Laurent Derache).
Telle "la fleur au fusil", "La Victoire en chantant" ouvrant l'opus révolutionnaire "Le Chant du départ" et devenue une expression représentative des chromos patriotiques utilisés pour exalter la fibre patriotique et minimiser les horreurs guerrières perpétrées au nom de la liberté, fut souvent reprise pour galvaniser les troupes en partance pour le front.
Elle a été choisie par Raymond Acquaviva comme titre du spectacle de cabaret à visée mémorielle, pour "prendre le relais du souvenir" indique-t-il dans sa note d'intention, qui retrace l'Histoire de la Guerre du 20ème siècle avec les deux guerres mondiales, de la boucherie de la première à la barbarie de la seconde, par un florilège d'oeuvres d'époque.
Celles-ci, textes d'écrivains et poètes, qui ont participé à la guerre comme Guillaume Apollinaire, Roland Dorgelès et Charles Péguy, ou oeuvré dans la résistance tels Louis Aragon, Paul Valéry et Paul Eluard, et chansons populaires, prises en étau idéologique entre pacifisme et patriotisme, qui scandèrent les années sombres ("Le Chant des partisans") comme la liesse de la Libération ("Fleur de Paris"), sont dispensées de manière chronologique sous forme de tableaux théâtralisés et chorégraphiés.
Raymond Acquaviva gère cette compilation avec sagacité et finesse pour éviter les écueils tant du "tire-larmes" que de la parodie en modulant à bon escient l'émotion avec quelques bulles humoristiques, à l'instar de la "Publicité Cinzano" et "Le salut du Poilu", et en optant pour un rythme soutenu d'enchaînement des scènes à la dramaturgie éclectique et judicieuse, du lyrisme au réalisme et du pompier au gouailleur.
Pour décor, des sacs de sable évoquant les fortifications de campagne avec des drapeaux tricolores et quelques inserts d'images d'archives, et un belle scénographie lumière signée par Philippe Sazerat qui crée autant les atmosphères qu'il habille les émérites interprètes.
Au jeu, un époustouflant et homogène octuor de comédiens-chanteurs dirigés par celui qui fut leur professeur et leur propose, savamment accompagnés par Aude Giuliani à l'accordéon, une variété de scènes dispensées en choeur, en duo ou en solo qui, de surcroît, interviennent selon différentes techniques vocales .
Bien distribués tant pour le jeu que le chant, et jouant la carte de la choralité sans se laisser aller au numéro d'acteur, Pierre Boulben, Louise Corcelette, Benoit Facerias, Philippine Martinot, Quentin Morant, Fabio Riche, Lani Sogoyou et Joséphine Thoby dispensent une excellente prestation et portent haut et fort cette incontournable partition |