On ne peut pas dire que les amateurs de Shane Cough se soient bousculés au portillon pour la première partie de cette soirée du 29 novembre, 100% Rennaise. La salle du Glaz’Art est parsemée de quelques spectateurs impatients de découvrir le programme des festivités.

Le groupe breton aux influences électro-punk démarre au quart de tour et enchaine quelques morceaux de leur nouvel album Now you see it avant de parvenir à réchauffer l’âme d’un public frileux. Cette formation de quatre artistes compte deux musiciens (avec de vrais instruments), un électronicien aux manettes d’un Mac qui va planter au bout de quelques titres et une frêle chanteuse.

Frêle certes, mais énergique. Ses gesticulations de part et d’autres de la scène font comprendre au public pourquoi un concert équivaut parfois à une séance de sport ! Cela dit, la punkette blondinette parait un peu désarçonnée lorsque la technologie, qui assure une bonne partie de l’instrumentation, se met à lui faire faux-bond. Ses "private joke" trahissent un embarras certain et sont tellement confidentielles que je peine à croire qu’elles dépassent le stade des premiers rangs.

Le groupe insiste sur sa proximité avec le public à coup de "j'te passe ma bière !", "quelqu’un veut de l’eau ?"... Après les épreuves techniques, le groupe retrouve sa hargne et enchaine 3/4 morceaux pas désagréables à l’écoute ! Electro, parfois un peu planante, la guitare se fait saturée. Les quelques amateurs du genre secouent la tête. C’est un peu regrettable que les hostilités n’aient pas commencé une heure plus tôt !

Puis vient la tête d’affiche : place aux rennais de X Makeena pour une démonstration concrète de leur dernier album Derrière l’œil !

Ce groupe formé en 2001 prend possession des lieux. Le mot "groupe" prend tout son sens car il s’agit là d’un bataillon de techniciens et de musiciens qui déferlent sur la scène du Glaz’Art. La machinerie est impressionnante : la scène est bondée de matériels électroniques et la salle se remplit peu à peu de spectateurs.

X Makeena nous propose un registre métissé electro / hip-hop / dubstep qui oscille entre une vision apocalyptique de la société et un regard teinté d’ironie du genre "y a plus rien à perdre alors profitons de cet instant !". D’ailleurs, c’est appréciable de voir un groupe qui prend des risques et ne s’enferme pas dans des styles trop marqués !

Niveau son, c’est un bonheur pour moi d’avoir pensé aux petits bouchons pour les oreilles et indispensable aussi de prendre un peu de recul au bout du cinquième titre. Une rythmique lorgnant du côté du haka néo-zélandais, des infra basses retournant les entrailles, une mise en scène incandescente. Bref, une démonstration haute en couleur d’un groupe charismatique, un poil trop théâtral à mon goût.

Le public qui a très certainement payé son ticket pour assister à un vrai spectacle visuel et sonore n’a aucune raison d’être déçu ! D’ailleurs, les spectateurs semblent vraiment réceptifs aux appels des artistes. Les battles vocaux des deux chanteurs "Says" et "Vicking" se succèdent pour compléter un tableau pas très épuré. Le morceau qui repose sur la beatbox des artistes déclenche la ferveur du public et vaut aux X Makeena de chaleureux applaudissements. Le tempo s’accélère sur "Al comor".

Malgré leurs costumes de bestioles barbares peu aguicheuses, on arrive à trouver les gars du groupe plutôt sympathiques. Leur générosité transpire. Entre canons propulsant des halos de fumés de la scène à l’autre bout de la salle et quelques morceaux en rappel dont un de leurs tubes "La marche mouteuse", tiré de leur album précédent, le public a de quoi repartir chamboulé par une soirée brute de son.

Peut-être un peu trop brute pour les tympans. Il semble qu’un concert comme celui-ci ne peut décemment pas dépasser les 1h30 !

Pour être honnête, il m’est un peu difficile de comprendre toutes les subtilités de ces artistes mais l’atmosphère qui se dégage des costumes, de la mise en scène et des compos est cohérente, voire tout simplement impressionnante.

A la fin de leur set, les X Makeena n’oublieront pas de préciser, forts et fiers d’une indépendance artistique pleinement choisie, que leur CD n’est pas distribué dans les bacs.

Les amateurs devront donc passer par d’autres moyens pour apprivoiser la galette !