Monologue de Victor Haïm interprété par Benjamin Bollen dans une mise en scène de Stéphanie Wurtz.
Au cours de l'ultime répétition de la Symphonie pastorale de Beethoven, douce célébration de la Nature, un chef d'orchestre va dévoiler et vomir son acrimonie envers, entre autres car nombreuses sont ses digressions thématiques, la bêtise et l'ingratitude de la nature humaine, le snobisme et l'inculture des mélomanes autoproclamés et l'infatuation des musiciens médiocres.
Car ce tyran musical surnommé "Fuhrer" a été destitué à la suite d'une mutinerie de ses ouailles et, avant de tirer sa révérence et les laisser patauger dans leur marigot, il entend bien leur dire.
Qualifiée de "solo con fuoco molto agitato", cette "Fureur" écrite de main de maître par Victor Haïm dont il a, au demeurant, personnellement livré sa version scénique en 2011 en l'interprétant sur la scène du Théâtre du Petit Hébertot, constitue une philippique aussi burlesque que caustique au verbe truculent et à l'humour parfois noir, qui telle la grenouille de la fable se gonfle jusqu'à la démence. Car, chez Haïm, la folie guette toujours.
Sous la direction de Stéphanie Wurtz, la partition est déportée du burlesque originel vers le comique appuyé. Derrière un pupitre, en frac, la baguette accusatrice en action, Benjamin Bollen, petit gabarit à la voix de stentor, campe un chef d'orchestre emperruqué avec le visage blanc du clown.
Possédant un vrai talent d'imitateur, avec une gestuelle qui alterne les grimaces de Louis de Funès - impossible de ne pas se remémorer le chef d'orchestre irrascible qu'il incarnait dans le film culte "La grande vadrouille" ou le "Rabbi Jacob" - et les mimiques de Dominique Lavanant, il délivre en humoriste ce concerto de lamentations jubilatoires. |