Réalisé par Sarah Leonor. France. Drame. 1h47 (Sortie le 6 août 2014). Avec Jérémie Renier, Surho Sugaipov et Ramzan Idiev.
Sur ce film fort aux sentiments exacerbés plane une ombre : celle de Guillaume Depardieu qui avait enchanté de sa présence incandescente "Au Voleur", le précédent long métrage de Sarah Leonor.
Car le personnage du légionnaire incarné par Jérémie Renier avait tout pour prendre les traits de Guillaume. Mais la vie en a voulu autrement... Ce lieu commun pathétique trouve d'ailleurs toute sa place dans "Le Grand Homme", film qui se débat aux confins des méandres de la grande Histoire et des aléas de la simple histoire d'un homme et d'un enfant.
Sarah Leonor, ici, n'hésite pas à emprunter une route grandiloquente pleine de mots qui font d'habitude peur aux cinéastes. Elle plonge tour à tour ses personnages dans les grands espaces de la Guerre et dans la jungle urbaine de la Solitude. Elle trace un improbable trajet affectif qui part d'une amitié virile en Afghanistan pour aboutir à un amour filial en France. Elle conte comment un homme est apprivoisé par un enfant si tenace et si désespéré qu'il s'obstine à ne pas devenir orphelin.
À l'inverse d' "Au Voleur" où le scénario n'était qu'un prétexte qui se volatilisait peu à peu pour que les héros s'en échappent, "Le Grand Homme" s'appuie sur une construction presque savante pour qu'on puisse admettre qu'Hamilton, le légionnaire mal léché, finisse par prendre sous son aile Khadji, le jeune tchétchène, fils de son frère d'armes mort.
Jérémie Renier est formidable dans ce personnage fruste, incapable de formuler ou de dire les choses, débordant d'énergie et de souffrance, promis à la Légion à vie pour oublier son enfance d'orphelin et qui, miraculeusement, va s'en sortir en tombant sur un autre lui-même en la personne du petit tchétchène, lui aussi jouer à merveille par Ramzav Idiev.
En faisant tourner court leur confrontation et en leur permettant de se découvrir l'un l'autre, la réalisatrice choisit de donner à son film une autre couleur que celle de la tragédie et il faut chaleureusement la remercier pour cette leçon d'humanité dans laquelle elle ne commet aucune fausse note.
"Le Grand Homme" de Sarah Leonor est donc une belle leçon de vie, d'autant plus belle que rien ne l'annonçait vraiment. On la reçoit avec beaucoup de gratitude, comme une confidence, une marque de confiance donnée à ceux qui ont compris qu'il faut, envers et contre toutes les horreurs, croire encore en l'homme. |