Comédie dramatique d'après le roman éponyme de Mikhaïl Boulgakov, adaptation et mise en scène de Igor Mendjisky, avec Marc Arnaud (en alternance Adrien Melin), Romain Cottard, Pierre Hiessler, Igor Mendjisky, Pauline Murris, Alexandre Soulié, Esther Van den Driessche (en alternance Marion Déjardin) et Yuriy Zavalnyouk.
Après plusieurs création collectives, Igor Mendjisky et la Compagnie Les Sans Cou se sont tournés vers les adaptations de textes existants comme leur précédent spectacle il y a deux ans, le très réussi "Notre crâne comme accessoire" d’après le "Théâtre ambulant Chopalovitch"
On se demandait donc ce que la troupe pourrait faire d’un monument comme "Le Maître et Marguerite" chef d’œuvre de Michaïl Boulgakov dont la mise en scène de près de quatre heures de Simon McBurney en 2012 est encore dans toutes les mémoires.
Il y a tellement de thèmes dans le livre dense de l’auteur russe qu’il est difficile de les traiter tous. En l’adaptant, Igor Mendjisky a opté principalement pour l’histoire d’amour et le questionnement sur le sens moral, tout en conservant l’ambiance fantastique de cette histoire et sa construction kaléidoscopique. On regrettera juste qu’il ait un peu négligé le contexte politique (critique de l’URSS stalinienne) sans lequel le sens du roman ne peut se concevoir.
Cette réserve faite, il n’en demeure pas moins que cette version est fort bien ficelée et offre de très beaux et oniriques passages. A une incursion moderne "à la Macaigne" où le public peut se lever pour danser puis aller chercher des billets sur une chaise (dommage qui plus est qu’il s’agisse d’euros ce qui casse soudain toute la magie de l’histoire censée se dérouler dans les années trente), on préférera nettement une Marguerite sorcière sur un balai volant dans les étoiles ou un mystérieux gros chat ronronnant (Alexandre Soulié).
Igor Mendjisky réussit une mise en scène assez fabuleuse qui, à partir d’une configuration tri-frontale, immerge le public dans cette histoire aux multiples rebondissements qui mélange les lieux et entraine le spectateur dans un monde imaginaire aux confins de la folie.
Sa distribution est dominée par la prestation de l’excellent Romain Cottard qui compose un Woland diabolique à souhait et déploie toute son aisance pour entraîner l’ensemble de la troupe vers un beau succès avec ce travail de grande qualité qui célèbre la liberté. Tous sont convaincants et font de ce spectacle foisonnant un pari réussi. |