Montage de textes de Georges Courteline et d'Ingmar Bergman, mise en scène de Pierre Maillet et Matthieu Cruciani, avec
Emilie Capliez et David Jeanne-Comello.
Ingmar Bergman et Georges Courteline sont deux auteurs dont les univers, les époques ou l'écriture n'ont rien en commun. Il est donc légitime de s'interroger sur le but recherché par Pierre Maillet et Matthieu Cruciani en mettant côte à côte des scènes extraites d'oeuvres de ces deux auteurs.
Il ne s'agit a priori pas de mettre en scène une pièce au sens du terme où celle-ci va raconter une histoire cohérente avec un début, un développement, une fin. Il s'agit plutôt de mettre l'accent sur certaines situations que tout couple peut être amené à vivre : rencontre, mariage, dispute, séparation...
L'architecture de la pièce ne cherche donc pas à être cohérente ni dans son développement chronologique, ni dans la logique qui peut lier une scène à l'autre. Par exemple, la pièce commence par un extrait de Courteline dans lequel Monsieur fait une scène de jalousie à Madame, situation réccurente au sein de ce couple, or dans la scène de la séparation, extraite de "Scène de la vie conjugale" de Bergman, Madame s'éloigne en disant à son mari qu'il eut été préférable que le couple se dispute, "Tout aurait été plus simple".
Malgré cet aspect déconcertant, cette pièce jouit de deux atouts. D'abord la scénographie est astucieuse. Sur le plateau, une estrade sera durant la pièce transformée en un lit conjugal géant dans lequel le couple se couche très éloigné l'un de l'autre, en plateau pour le mariage, en moquette d'un bureau où seront signés les papiers du divorce ou en une clairière verdoyante.
Avec un minimum de moyens, Matthieu Cruciani installe donc son couple dans des atmosphères très différentes. Il est en cela épaulé par le beau travail de Ronan Bernard sur les lumières.
Ensuite, cette pièce est servie par un couple d'acteurs qui se révèle aussi à l'aise dans le drame que dans la comédie. Le jeu d'Emilie Capliez et de David Jeanne-Comello sonne juste même lorsqu'ils passent, quasiment sans transition, d'un auteur à l'autre, d'un langage à l'autre, d'une attitude corporelle à une autre.
Ce montage joue donc des contrastes et va déstabiliser le spectateur afin de l'amener à se confronter à la complexité des relations au sein du couple.
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