Monologue dramatique de Roberto Athayde, interprété par Sylvia Bruyant dans une mise en scène de Bruno Dairou.
Dans l’ambiance surannée d’une classe d’école du siècle dernier, elle nous donne une leçon magistrale, prenant l’assemblée à partie et exposant ce qui, selon elle, fait de "bons élèves".
Avec, en filigrane, la dénonciation du totalitarisme (la pièce a été écrite par Roberto Atahyde en pleine dictature militaire au Brésil en 1971), l’auteur a crée ce personnage éminemment complexe qui passe et nous fait passer par une multitude d’états contraires.
Sylvia Bruyant est une comédienne exceptionnelle. Ceux qui l’ont vu dans "Oléanna", "L’amante anglaise", "Vernissage" ou dernièrement "Le baiser de la veuve" en conviendront aisément. Une fois de plus, elle se confronte à un rôle fort : celui de Madame Marguerite dans la pièce éponyme.
Loin de l’image d’Annie Girardot dans la version de Jean-Loup Dabadie, la comédienne incarne ici dans la traduction de l’auteur, une Madame Marguerite encore plus âpre et cinglante que la précédente. Elle est impériale d’un bout à l’autre, tenant sa partition avec une force et une acuité impressionnantes et montant en puissance jusqu’à l’apothéose finale.
La mise en scène précise et sans faille de Bruno Dairou accompagne avec talent ce monologue d’une rare intensité, y aidant la comédienne à décliner toutes les nuances de jeu possibles. C’est du très grand art. Tout est rythmé, précis ; la gestuelle et le travail du corps sont remarquables. Et si le final la laisse exsangue, le public est, quant à lui, sous le choc et admiratif de la performance.
On devrait l’écrire au tableau noir pour s’en souvenir : il faut absolument aller voir "Madame Marguerite" ! |