En
soirée de clôture de Lire en Fête, les Editions
Thélème proposaient au Théâtre de l’Atelier
"Ecouter Marcel Proust" une lecture à partir d’un
choix de textes qui nous emmenait de Combray au Temps retrouvé.
Challenge ardu à double titre.
D’une part, Les lectures sont devenues à la mode.
Cet exercice ô combien ardu, qui reçoit tant les faveurs
du public que des comédiens renommés, entraîne
parfois bien des déconvenues pour le premier et des vicissitudes
pour les autres.
D’autre part, lire Marcel Proust n’est pas rien s’agissant
d‘un auteur à l’œuvre immense, souvent présentée
comme barbante, et d’une écriture propice à
tous les écueils lors de sa transposition orale.
Et bien ce fût pari gagné grâce à un
choix intelligent des textes et à une lecture inspirée.
La sélection faite par Adeline Defay était particulièrement
judicieuse puisqu’elle permettait en 10 extraits non seulement
de piocher dans chacune des parties de la Recherche du temps perdu
mais également de mêler des textes diversement connus
du grand public, des méditations mélancoliques du
Baiser du soir aux récits colorés des soirées
dans le salon Verdurin ou Saint Euverte, pour s’achever sur
le projet littéraire de Proust basé sur un travail
sur le temps et la mémoire.
Au pupitre, ou plutôt à la lecture, André Dussollier,
Jean Pierre Cassel, Xavier Gallais et Gabrièle Valensi.
André Dussollier a mis toute sa sensibilité teintée
d’humour en demie teinte de son haussement de sourcil pour
les extraits de réflexion narrative évoquant le fameux
baiser du soir et la célébrissime madeleine.
Jean Pierre Cassel excellât dans les dialogues à fleurets
mouchetés de la soirée Saint Euverte ou l'épisode
des souliers rouges.
Gabrièle Valensi nous emmena chez les Verdurin en nous offrant
une composition tout à fait réussie de Madame Verdurin
ainsi que sur les pas des jeunes filles en fleurs.
Quant à Xavier Gallais, il nous a gratifié d’une
lecture proche de l’interprétation théâtrale
de la rencontre de Charlus et Jupin et des cris de la rue qui attestent
de la richesse d’écriture de Proust qui ne dédaignait
pas de narrer des épisodes pleins de verve et de saveur au
point de susciter les rires.
Ce fût donc une riche expérience. Et puis elle démontre
que Proust peut se lire par extraits pour ceux qui ne veulent pas
s’engager dans cette entreprise que constitue une lecture
académique de l’œuvre de Proust.
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