Difficile de trouver le fil conducteur qui reliait entre eux les trois groupes réunis à la même affiche en ce 15 octobre à la Flèche d’Or : Marie-Flore, Ottilie [B] et Hologram. Si ce n'est peut-être l'espoir de l'industrie du disque de tenir The Next Big Thing.
C’est avec la danoise Marie-Flore, que débutait la soirée. Son folk-rock a séduit Pete Doherty pour lequel elle a récemment ouvert lors des concerts français de l’égérie défoncée et souvent AWOL de the Kooples. Mais comme il est parfois difficile de conjuguer les obligations professionnelles et le début de certaines soirées, nous prions la jeune chanteuse de nous excuser d’avoir manqué l’intégralité de son set. Ce qu’on regrette d'autant plus que les compte-rendus des concerts de Marie-Flore sont unanimement salués par des adjectifs laudateurs.
C’est donc avec Ottilie [B] que ma soirée débute. La jeune femme dont l'accent trahit les origines du sud-ouest de la France concourait, avec son album, pour le prix France Inter / Télérama du meilleur premier album francophone de l'année. Seule en scène, s'accompagnant tantôt d'une guitare, tantôt de claviers, d'un accordéon et réalisant des boucles à l'aide de pédales d'effets, son univers musical surprend, étonne et détonne. Elle sort aussi des sons de gorge inattendus qu'elle intègre aux chansons. Tout chez ce petit de bout de femme brune respire l'énergie et la générosité. Lorsqu'elle connaît un problème technique pour brancher sa guitare et ses pédales d'effets, elle invite les spectateurs à la retrouver pendant le changement de plateau pour une version acoustique.
Son interprétation de "Madame Rêve" joue sur les ambiances et accentue l'érotisme de la chanson d'Alain Bashung. En fin de set, elle salue le public et descend dans la fosse pour aller embrasser les techniciens du lieu. Généreuse jusqu'au bout, elle prend sa guitare et, chose promise, chose due, propose aux spectateurs qui ne se sont pas éclipsés, qui pour boire une bière, qui pour fumer une cigarette, de l'accompagner un peu à l'écart de la salle où elle va interpréter la chanson sur laquelle elle avait eu un problème. Malgré les essais de sono pour le groupe suivant, assise dans un canapé, avec les spectateurs qui l'entourent, elle se lance dans une version acoustique sans fard de la chanson sur laquelle elle avait eu de problèmes techniques. Sur scène, Ottilie [B] a été une révèlation, une artiste lumineuse avec un coeur gros comme ça.
Changement de plateau pour Hologram. Changement d'ambiance aussi. Sur le papier, le groupe emmené par une des chanteuses du groupe néo novö diskö, La Femme, et le frère de Soko, semble prometteur. Signés chez Mute, leur premier simple disponible en digital est sympathique. Sur scène, plongés dans des ombres bleutées, le groupe propose une ressucée de pop à la Lush, agrémentée de lexomyl à la louche. Claviers vieillots, voix mal posées, rien ne décolle. La matrice branchouille a accouché d'un projet mal ficelé et surtout pas assez travaillé. On préfèrera le boucan des Holograms, avec un s pluriel, aux chansons peu abouties d'Hologram.
Au final, c'est Ottilie [B], par son énergie et sa générosité, qui se révèle l'artiste la plus prometteuse et la plus originale de la soirée.
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