Spectacle musical conçu et interprété par Valentin Vander, Stan, Clémence Monnier et Aurélien Merle.
Les amateurs d'esprit frondeur à la française seront ravis par le spectacle des "Goguettes en trio (Mais à quatre !)" qui renoue avec une tradition chansonnière tombée en désuétude après une grande vogue à la Belle Epoque, et dont seuls les habitués du Café Le Limonaire avaient vent de sa perpétuation contemporaine.
C'est en ce lieu, qui, dans le cadre de la scène ouverte de la Goguette des Z’énervés, ouvre ses portes à ce mode séculaire de la parodie satirique délivrée en musique sur un air connu pour brocarder l'actualité socio-politique, que se sont rencontrés Stan, Aurélien Merle et Valentin Vander.
Comme à trois c'est mieux, ils ont réuni leurs brins de plume pour dispenser leurs "spécialités chansonnières satirico-politiques" auprès d'un public élargi, et souvent néophyte, dans un spectacle musical divertissant et jubilatoire qui équivaut à une pamhlétaire revue de presse musicale. Et, à l'instar des mousquetaires, ils sont quatre avec Clémence Monnier qui les accompagne efficacement au piano.
Les trois comparses réussissent brillamment l'exercice difficile non seulement en raison de son ancrage temporel qui, ne supportant pas une play-list obsolète, implique une grande réactivité à chaud, mais également pour la nécessaire (im)pertinence de la parodie textuelle et l'adéquation avec la chanson originale.
A cet égard les titres sont éloquents et les joyeux drilles s'en donnent à voix et à c(h)oeur joie, à un, deux ou trois, et avec chorégraphie ad hoc.
Au menu, en premier lieu, le pain béni avec les "affaires" ("Bygmalion" sur l'air de Big Bisou de Carlos, "HSBC" au rythme disco YMCA des Village People et "T'as Tapie qu'a piqué" pour la saga Tapie façon Bobby Lapointe), les politiques de gauche ("Merci Macron" via le "Merci Patron" des Charlots) comme de droite (la "Margot" de Brassens convoquée pour le 1er mai de Marine Le Pen perturbé par les Femen).
Mais ils épinglent avec la même ardeur le monde du travail (le chômage "Quand j'étais chômeur" et la novlangue avec "La complainte de l'entreprise" sur un air de Boris Vian) et la boboïtude ("Maman j'suis trop bobo" ou "Encore du bio" sur l'air des "Paroles, paroles" devenues des scaroles).
Et puis d'hilarantes pépites telles l'ode aux nantis et à l'évasion fiscale ("C'est la flûte finale"), et deux titres empruntant à Jacques Brel, "Katmandou" sur l'air de "Vesoul" pour les globe trekkers pris sous le séisme et "Ne décapite pas" (sic).
Un divertissement assuré mené par un quatuor qui a manifestement du répondant et ne se prend pas au sérieux. |