Avec "Dalida - Une garde-robe de la ville à la scène", le Palais Galliera, qui, par ailleurs délocalisé au Musée Bourdelle consacre une sublime exposition au couturier Cristobal Balenciaga ("Balenciaga - L'oeuvre au noir"), expose les tenues de la chanteuse.
Une garde-robe conservée par elle-même de son vivant, puis par son frère Orlando, gardien du temple, telles de pieuses reliques dont il vient de faire don au Palais Galliera.
La commissaire de l'exposition Sandrine Tinturier la présente en un panorama déroulé très classiquement de manière chronologique qui sied à la longévité d'une carrière qui s'étend sur trois décennies et à sa capacité d'adaptation aux changements de mode non seulement musicale mais également vestimentaire.
La direction artistique a été confiée
Robert Carsen, metteur en scène de théâtre et surtout d'opéra réputé pour ses mémorables et quasi-hollywoodiennes scénographies d'expositions au Grand Palais, telle "Marie-Antoinette", et au Musée d'Orsay.
En l'espèce, manifestement peu inspirée et conventionnelle, celle-ci déçoit avec ses tirages-contact de portraits en noir et blanc, le mur de couvertures de magazine, les très "cheap" rideaux à lamelles dorées et les podiums rotatifs en forme de disques vinyls.
Dalida - Les robes de sa vie
Dans les années 1950, Yolanda Gigliotti, Miss Egypte 1954, devenue Dalida est propulsée par un répertoire de variété populaire à la sauce méditerranéenne.
Surnommée "Mademoiselle Juke-Box", elle arbore les robes "new look", tendance pin-up, dont la fameuse en velours rouge créée par Jean Dessès pour son premier récital à Bobino en 1958, qui flattent sa silhouette de brune pulpeuse.
A leur fraîcheur juvénile succède l'élégance des robes Haute-Couture de Jacques Esterel, Pierre Balmain et Loris Azzaro dans une gamme chromatique sobre et circonscrite au noir, au blanc et à l'ivoire que la vedette, qui a bien négocié la vague du Yéyé, arbore lors de ses récitals des années 1960-1970 qui voisinent avec des tenues de ville plus colorées.
Ensuite, plus elle avance en âge, plus elle mincit, blondit, se dénude et, au mi-temps des seventies, elle sollicite les costumiers de théâtre et de music-hall, dont notamment Michel Fresnay pour la tenue cape rose ornée de franges rebrodées de paillettes, strass et plumes d’autruche, et
Mine Barral-Vergez, pour lui confectionner des tenues de show-woman à l'américaine et de meneuse de revue.
Celles-ci reposent sur les codes exacerbés d'une féminité caricaturale, confinant au travestissement sexy-glam, qui, dans les années Palace en font la diva du disco, la reine du nightclubbing des années Palace et une icône gay.
La monstration se clôt sur de belles pièces en cuir de Jean-Claude Jitrois et quelques tenues arborées lors de ses incursions dans le cinéma. En 1987, après plusieurs tentatives, Dalida "réussit" son suicide qui la sanctifie définitivement au guide des records de ventes de disques et, surtout, au panthéon des drama-queens.
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