Monologue tragi-comique de Pierre Barillet interprété par Denis D’Arcangelo dans une mise en scène de Thierry Harcourt.
Le comédien, acteur de composition, chanteur et artiste de music-hall, Denis D'Arcangelo a créé, avec Philippe Bilheur, le personnage ébouriffant plein de gouaille et de tendresse de "Madame Raymonde" avec lequel il revient régulièrement sur scène dans le registre du spectacle musical.
Car cette femme bourlingueuse de bitume du Paris populaire, diva des claques, mistinguett des bastringues et reine des tournées miteuses, raconte sa vie autofictionnelle scandée par les perles de la chanson réaliste ou fantaisiste de l'entre-deux guerres.
Avec celui de Mylène Janvier, il campe également une femme qui ressort au même archétype plébéien bien que la partition ne soit ni de son cru ni de sa plume car celle-ci constitue un des deux monologues en miroir écrits en 1991 par Pierre Barillet, du fameux binôme Barillet-Grédy prince du théâtre de boulevard des années 1960.
Dans "Moi, Nadine Picard", il retrace la vie d'une vedette de cinéma des années 1940 ayant réellement existé, et, dans "L'Ombre de Stella", celle de Mylène Janvier, actrice de complément devenue répétitrice, dame de compagnie et gouvernante, puis bonne à tout faire d'une actrice fictionnelle qui a connu une certaine notoriété au cours de cette même période.
Pour la scénographie, Marius Strasser a repris le dispositif spartiate des "Madame Raymonde" - plateau vide, une table basse, une chaise, un verre - en substituant une "roteuse" au "kil de rouge" dans lequel officie Denis D'Arcangelo, costumé en rombière "NAP" par Michel Dussarat, éclairé par Jacques Rouveyrollis et dirigé par Thierry Harcourt.
Denis D'Archangelo parvient à transcender un texte qui s'avère un modèle du genre en terme de compilation de poncifs et de clichés attachés à certaines actrices, descendantes des danseuses et courtisanes de la Belle Epoque et aieules des starlettes des années 1960, pratiquant le "coucher utile" pour échapper à la mouise à laquelle les vouait leur origine plébéienne.
Son jeu sobre et juste et sa maitrise de la rupture entre le rire et l'émotion lui permet d'incarner cette femme de l'ombre engluée dans une servitude volontaire dont elle a payé le prix cher, celui de sa propre vie, et qui, d'une certaine manière, prend sa revanche en étant le témoin de la déchéance de celle qui fut dans la lumière et celle qui aura le dernier mot. |