Comédie dramatique de Guy Helminger, mise en scène de Patrice Douchet, avec Cantor Bourdeaux, Thomas Cabel, Arthur Fouache, Coline Pilet et Clémence Prévault.
"Vénézuéla" est une pièce fragile. A l'image de ses personnages adolescents prolongés qui n'existent qu'en groupe, chacun étant une simple brindille d'une branche ballotée aux vents contraires de l'époque. Ils pourraient être taggeurs, activistes, yamakasis, adeptes d'un art martial. Ils ont trouvé un autre défi pour une autre "fureur de vivre" : surfer de train en train, de gare en gare, sur les toits des wagons, évitant les tunnels ou les lignes électriques. La mort n'est heureusement pas toujours au rendez-vous. D'ailleurs la souhaitent-ils vraiment ? Ont-ils conscience qu'elle les cerne patiemment ? Car elle rôde, prête à prendre dans ses griffes celui qui aura une minute d'inattention. Et c'est ce qui arrive à Fraggel, plutôt le plus expérimenté, l'as des as de ce jeu qui les rassemble. Dans le groupe, il y a Olif, le plus jeune, le plus innocent, c'est-à-dire le plus inconscient. Celui qui ne sait peut-être pas encore qu'il y a danger à chaque virée. Alors, on lui dira que Fraggel est parti au Vénézuéla. Dès lors, le quintet se resserre davantage, se fait choeur chorégraphié, clivé entre ceux qui ne veulent pas dire le secret, ceux qui veulent le révéler et celui qui ne sait rien mais sent une drôle d'atmosphère. Pièce écrite par Guy Helminger, luxembourgeois germanophone, "Vénézuéla" est un hymne à toutes les jeunesses perdues qui cherchent une issue collective à leur mal-être sans être capable de la formuler en mots et se résolvent à considérer que l'action fait sens par elle-même. Il faut que la mort soit en rendez-vous pour qu'ils trouvent forcément un espoir, une transcendance. On pourra regretter que la situation imaginée par Guy Helminthe ne progresse pas et se limite à un simple constat répété.
Pourtant la mise en scène de Patrice Douchet fait comprendre la force qui se dégage de ce groupe. Les cinq acteurs (Cantor Bourdeaux, Thomas Cabel, Arthur Fouache, Coline Pilet et Clémence Prévault) jouent à l'unisson. La scénographie d'Anabel Strehaiano avec ses arrêts de bus amovibles et ses tas de pneus entassés dans un no man's land urbain est évocateur. On mentionnera, pour une fois, la belle vidéo liminaire d'Anthony Le Grand qui saisit les jeunes gens dans leurs prouesses sur les trains et montre bien, sans ostentation, ce qu'ils font.
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