Comédie dramatique de Spiro Scimone, mise en scène de Maria Cristina Mastrangeli, avec Andrea Lanciotti et Gerardo Maffei.

La Compagnie Octogone présente un beau travail sur un opus du dramaturge sicilien Spiro Scimone, un des représentants du renouveau du théâtre italien qui, depuis les années 90 et dans l'héritage d'auteurs tels Eduardo De Filippo et Dario Fo, œuvre dans l'essence même du théâtre, l'humain et la condition de l’homme aux prises avec les réalités socio-économico-politiques du monde contemporain.

Partition post-moderne à l'écriture minimaliste, celle du quotidien plébéien , "Bar" constitue un huis-clos dialogique à deux protagonistes quasiment dépourvu d'action. Dans l'arrière-salle d'un troquet minable des bas-fonds, devisent régulièrement, dans une fraternité de classe, celles des indéfectibles loosers, un serveur (Andrea Lanciotti) et un client (Gerardo Maffei).

Englués dans des situations déprimante et tous deux aux prises du caïd mafieux du quartier, chacun à sa manière tente de résister, avec des rêves modestes, à la même angoisse existentielle par l'espoir - ou l'illusion ? - d'un lendemain meilleur.

Le premier, débile léger maintenu dans un état de d'hébétude et de dépendance par une "mamma" tyrannique, veut devenir barman pour "servir des apéritifs" dans un vrai café sur fond de musique américain. Le second, père de famille crédule au chômage doublé d'un joueur invétéré, tente de trouver du travail. Et un jour, ils croient pouvoir concrétiser leur rêve.

A la mise en scène, Maria Cristina Mastrangeli a opté pour les registres de la tragi-comédie teintée de néo-réalisme et du burlesque pour dispenser leurs échanges quasi beckettiens avec une variation du duo clownesque particulièrement réussie grâce à la verve cosmique des interprètes.

Andrea Lanciot et Gerardo Maffei s'emparent des personnages avec fougue et talent, une excellente dramaturgie du corps et leur roboratif accent transalpin pour incarner ces frères de galère arborant une identique chemise aux motifs imprimés et dispenser, entre rire et compassion, ces édifiants fragments d'humanité.