Enfin, cela fait une éternité qu'un nouvel album de Shara Worden et sa bande se faisait attendre. Après un premier album magistral, ce deuxième opus était attendu de pied ferme par les connaisseurs. C'est donc fait.
A la première écoute, A Thousand Shark's Teeth est différent, les compositions sont encore plus étoffées et construites avec les expériences scéniques de la belle. C'est même palpable par les chanceux ayant vu le groupe sur scène.
Lors de ses passages à Paris, le groupe avait joué quelques titres, en amuse bouche, nous les retrouvons aujourd'hui, gravés et figés en studio, ils n'en sont que plus plaisants, car ils ont évolués depuis (à moins que ce ne soit nos souvenirs). "Inside a Boy" faisait partie de ceux-là, le titre est dans la verve classique du groupe, une composition rock fouillée, une voix de diva qui monte et descend sur des nuages d'instruments à corde, une efficacité redoutable.
Sur "The Ice And The Storm", l'introduction lente et précise emporte l'auditeur sur des terres lointaines. La basse tellurique, jouée parfois en accord, est une colonne vertébrale froide où, là encore, des arrangements de cordes viennent papillonner autour des oreilles, comme des fées à votre entrée au Pays Imaginaire, le feraient autour de vos yeux. "Apples" a le goût de l'enfance : la présence d'un piano à doigt et de tout un tas d'arrangements divers y contribuent. Encore une fois, la voix de Shara, féérique, ajoute un élément irréel à l'ensemble.
Restons dans l'univers des féeries, "Black and Costaud", inspiré par la pièce lyrique L'Enfant et les Sortilèges de Maurice Ravel, est l'occasion pour l'américaine de rendre hommage à l'une de ses œuvres musicales préférées. Chanté partiellement en français, le style de ce titre est proche d'une comédie musicale, les arrangements sont plutôt lyriques, avec la présence de violoncelle, violons et autres instruments classiques. En somme, un retour aux sources pour cette diplômée d'une université de musique.
A Thousand Shark's Teeth est un véritable tour de force émotionnel. Encore une fois, Shara Worden, Earl Harvin et Chris Bruce ont enregistré un album formidablement réussi. La composition, les arrangements sont parfaits, rien à redire ou à médire. Ce nouvel opus devrait d'ailleurs rendre ce bijou plus brillant et visible à un grand nombre de nouveaux adeptes. A la fois, cela serait mérité et dommage, quand on découvre un trésor, on préfère le garder pour soi, plutôt que le partager. Définitivement, celui-ci doit être partagé. |