"You're the one for me fatty" chantait un autre mythe vivant. Ce soir, point de Morrissey mais un Black Francis bien en chair et en os sur la scène de l'Elysée Montmartre, rien que pour nous.
En guise d'ouverture, c'est le trio anglais Bobbie Peru qui aura la charge de faire monter la chaleur dans la salle.
Devant un public venu tôt et en nombre en ce samedi soir, le trio ne tardera pas à réussir son pari, ouvrir grand la porte à "Blackie" avec un répertoire qui n'est pas sans rappeler celui de l'ancien futur ex (on ne sait plus très bien, et puis l'espoir fait vivre) leader des Pixies.
Surprenant au premier abord, le groupe est composé d'un chanteur vêtu d'une sorte de combinaison de travail égayée de quelques strass, d'un bassiste crâne rasé à l'exception d'une super crête et habillé en noir se courbe sur son instrument jambe en avant trahissant quelques penchants pour le rock gothique et noir, et d'un batteur partagant certainement les mêmes penchants gotico-rock que le bassiste, poupon barbu cognant de toutes ses forces, arborant un superbe t-shirt Sisters Of Mercy.
Au final, 30 minutes de gros son, énergique et bien ficelé qui mérite de se pencher plus attentivement sur ce groupe méconnu.
Quelques mises en place plus tard, arrive dans la pénombre un trio bien étrange. Un batteur qui ira rapidement se réfugier derrière ses futs est suivi d'un grand maigrelet aux allures d'universitaire quadragénaire. Le troisième larron est bien entendu Black Francis, tout de noir vêtu, lunettes de soleil vissées sur le nez.
S'en suit alors une heure trente de rock dont Frank Black a le secret.
Entre hurlements pixisants et calmes plus relatifs de quelques titres vaguement country, le trio enchaine les titres essentiellement issus des derniers disques de Black Francis (Bluefinger et Svn Fngrs), à croire que le garçon est réellement schizo et cloisonne parfaitement ses différents personnages. Autrement dit, ce ne sont pas de tubes des Pixies qui seront joués ce soir.
Dommage car quoi qu'on en dise, et en dehors de Teenager of the Year et de son premier album solo, il n'a jamais fait mieux.
De grands moments quand même ce soir là. Pour au moins 3 bonnes raisons.
La première est de voir Black Francis en vrai, ce héros de toute une génération qui n'a jamais autant ressembler à un être humain avec ses bras presque trop courts pour atteindre le bas de sa guitare.
La deuxième, c'est le groupe impeccablement en place notamment le bassiste tellement à l'aise sur scène.
La troisième, c'est qu’en dehors des parties d'harmonica dont il ne maitrise visiblement pas toutes les bases, les morceaux de Frank Black sont toujours efficaces.
Le public n'est pas dupe et profite de ce moment comme il se doit. Les gens au dessus de 30 ans réclamant en vain quelques titres des Pixies, les ados pogotant sur les morceaux les plus récents du combo.
Suant et souriant, Blackie saluera le public de sa petite main potelée, ultime contact, touchant de simplicité et de sincérité.
Black Francis n’est décidément pas une star, c’est un héros.
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