Spectacle de cabaret forain conçu et mis en scène par Hervé Vallée et Cécile Mulot.
Deux mois, telle est la durée de programmation de l'épatant "Cabaret électrique", donc aucune excuse pour le rater.
D'autant que le nouveau spectacle du Cirque électrique ravira le spectateur amateur de cabaret forain en quête d'une alternative entre "La piste aux étoiles", le show heliostique et le nouveau cirque conceptuel et constituera une révélation pour ceux qui vont découvrir son univers.
Descendant de la Fanfare Décadente née en 1995 aux Arènes de Nanterre, il gère une école de cirque qui se présente comme "une fabrique artisanale d'artistes de cirque en tout genre" prônant une pratique artistique du cirque, accueille des spectacles qui s'inscrivent dans sa vocation dédiée, tel récemment "On a volé le bras de Costentenus" de la Hey! Cie, et propose également des spectacles "pro domo" aussi atypiques qu'enthousiasmants.
Le Cirque électrique, qui a planté ses trois petits chapiteaux rouges à l'ancienne dans l'environnement bétonné de la Porte des Lilas, entre périphérique et barres d'immeubles, n'est pas un cirque ordinaire mais une machine à remonter le temps.
Son seuil fait office de stargate et son franchissement télétransporte le spectateur dans un univers qui hybride le cirque forain du 19ème siècle avec ses slide-shows, le cabaret-bastringue des années 1930 et la contre-culture des années 1960.
Car, en l'espèce, point Monsieur Loyal en tenue galonnée mais le fantasque Kiki Picasso, artiste punk du célèbre Collectif Bazooka, point de fanfare mais une formation punk-rock menée par Hervé Vallée qui dépote les standards avec une énergie, bien évidemment électrique.
Celle-ci est installée sur le toit de l'espace bar-restaurant "Le Nouveau Tigre", en l'occurrence importé sous le chapiteau pour offrir boissons et collations. Car la configuration du chapiteau a été adaptée, moitié gradins et moitie tables comme dans les cabarets huppés, pour un repas à la bonne franquette.
Sur la piste, la promesse est tenue et une femme féline ouvre le feu. Combinaison panthère, tenant en laisse son soumis et son adorable chiot pittbull, Séverine Bellini officie, naturellement, sur "I wanna be your dog" des Stooges, dansun numéro de contorsion scénarisé. Exécution précise, fluide et sans bavures ni volonté de démonstrativité narcissique. Tel est le dénominateur commun de toutes les prestations circassienne.
Dans le registre du numéro de cabaret, la danseuse-performeuse Lalla Morte hybride new-burlesque et fakirisme et le contraste est saisissant avec, par exemple, la rubrique des "7 minutes" allouées à un invité qui, ce soir-là, fut l'auteur américain de science-fiction Norman Spinrad qui poussa la chansonnette.
En dévoiler davantage serait criminel car le plaisir de voir ce roboratif spectacle tient également à sa capacité à surprendre et émerveiller. |