Monologue dramatique écrit et mis en scène par Asanio Celestini et interprété par David Murgia accompagné du musicien Maurice Blanchy.
Au comptoir d'un bistrot dans une ville belge, un homme commande un petit blanc ou un petit jaune et commence à parler... Cet homme, témoin des faits, peu à peu raconte, par l'intermédiaire de quelques personnages clés, toute la vie du quartier.
Dévidant l'écheveau des événements des derniers jours, il commente le quotidien morose des petites gens (un SDF, des manutentionnaires en grève, une dame au cerveau embrouillé, une autre qui prie...). Auprès de lui, son colocataire Pierre, accordéon et lunettes noir (Maurice Blanchy), qui ne s'exprime que par une voix off féminine (Yolande Moreau).
Déjà associés pour "Discours à la nation", David Murgia retrouve l'auteur et metteur en scène Ascanio Celestini, dans le style du théâtre-récit dans la lignée de Dario Fo, pour porter seul, avec la musique de Gianluca Casadei, ce texte brillantissime qui prend aux tripes et fait aussi beaucoup rire. Celestini a cette faculté de savoir mélanger le comique avec un fond grave, voire tragique, pour un resultat détonant.
Hâbleur, l'oeil vif, malin et touchant à la fois, David Murgia réussit à être toujours sur le fil avec une infinie sincérité. Dans un débit impressionnant proche du slam, il délivre, raide et digne, dans une rage à peine contenue, ces flots de mots qui s'échappent tenaces et ravageurs dans le même souffle que l'accordéon grandiose de Maurice Blanchy.
Alors que des récits se succèdent en parallèle, tissés avec une précision d'orfévre, le puzzle se complète en une fin grandiose où tout prend un peu plus sens. On peut être reconnaissant qu'il existe encore des auteurs comme Ascanio Celestini pour avoir une parole si engagée et des artistes comme David Murgia pour la transmettre.
Association sublime d'un auteur et d'un comédien-conteur à la présence stupéfiante, "Laïka" est un spectacle essentiel qui laissera incontestablement une empreinte indélébile en chacun des spectateurs tant il est lucide sur une société égoïste qui court à sa perte. |