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La Malterie  (Lille)  18 mai 2010

Depuis quelques mois j’attendais de revoir Minsurar sur scène pour une raison précise : j’étais passé à côté de son concert en première partie de Shannon Wright en octobre dernier ; j’avais établi des jugements trop rapides sur la prestation de la chanteuse Sophie Patricia Thibaud. J’avais besoin de revenir sur mon jugement, parce qu’avec du recul des zones d’ombre de cette musique se sont imposées de manière évidente, me laissant insatisfait. La chanteuse, accompagnée d’une guitare et d’une batterie plutôt discrètes, a ainsi approfondi sa démarche musicale, à la fois introspective et lyrique.

Pour enrichir son potentiel vocal, elle avait décidé d’aller en Bulgarie afin d'apprendre la technique du chant guttural, propre aux chanteurs de l'Est. Cet élément central, procédant d’un travail rigoureux, place ces chansons sur un territoire moderne, sur lequel prennent écho quelques réminiscences de la cold-wave. La reprise de "Gotham Lullaby" de Mérédith Monk annonce en premier lieu les innovations vocales de Sophie Patricia, par l’utilisation de techniques de jeu étendues : un minimalisme puise sa force dans la répétition d’éléments musicaux, de chuchotements, provoquant un effet de vertige.

Le point culminant du concert correspond à la lecture chantée de quelques poèmes de William Blake, tirés du recueil Songs Of Innocence & Songs Of Experience : astre noir de la littérature anglaise du XVIIIème siècle dont la violence passionnée trouve une juste résonance chez Minsurar.

Par exemple le poème "The Lamb", par delà son dépouillement, est interprété avec audace : les mots suivent une mélodie complexe mais fluide, qui donne moins l’impression d’un poème chanté que d’une composition à part entière. Pourtant les thèmes de Blake s’expriment avec force : l’enfance opprimée, le désir vaincu, la folie inentamable, l’amitié déçue. Sophie Patricia ne tombe dans aucun piège relatif à ce genre d’exercices, en restant proche d’une certaine élégance morale. Ses chansons méritent qu’on la suive de près, quitte à l’aider, d’une manière ou d’un autre, à franchir les limites de la clandestinité.

Parlons maintenant des Enablers. Ce groupe américain était déjà passé à la Malterie l’année dernière : j’avais eu l’occasion d’en écrire beaucoup de bien. S’il fallait chercher une différence entre les deux prestations, je dirais que le concept poésie / punk-rock s’est radicalisé ; qu’il devient même hautement jubilatoire.

L’association, à partir d’un premier album live enregistré en 2004 (End Note), s’est par la suite poursuivie avec un deuxième album sous forme d’hommage direct à Jack Kerouac : Output Negative Space (2006) ; et un dernier récemment, Tundra (2008) sans doute album de la maturité.

Sur scène, le chanteur et poète Peter Simonelli, cherche un état de tension extrême, susceptible d’appuyer sa déclamation. Le concert de La Malterie a montré l’agressivité maîtrisée avec laquelle les quatre musiciens ont joué leurs morceaux : on n’oubliera pas l’état d’urgence dans lequel Simonelli a exprimé sa vision du monde ; une urgence qui l’amenait régulièrement à chercher son inspiration au milieu même du public.

Ce qui apparaît avant tout est la grande maturité du groupe. Je l’avais comparé au Velvet Underground, période White Light / White Heat, pour une raison : on réalise assez rapidement que ce rock est autant affaire de littérature, de concept, que de tension musicale. La philosophie de la Beat Generation s’y exprime en arrière-plan. Il faudrait d’ailleurs prendre le temps de lire et traduire le spoken-word de Simonelli, afin de se faire une idée de la richesse de ce verbe. Comprendre aussi d’où vient l’enthousiasme incroyable des quatre musiciens − un enthousiasme qui procède assurément de l’attitude punk. Je retiens aussi la force et l’originalité de la combinaison guitares / batterie : guitares arpégées mais puissantes et batterie dure mais juste. Rendons-nous à l’évidence : ce groupe ira plus haut que les trois-quarts des groupes américains actuels.

 

A lire aussi sur Froggy's Delight :

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En savoir plus :
Le Myspace de Minsurar
Le site officiel de Enablers
Le Myspace de Enablers

Crédits photos : Cédric Chort (Toute la série sur Taste of Indie)


David Falkowicz         
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