Pendant des années, au cours de mes nombreux raids d’achats compulsifs de disques chez un disquaire parisien bien achalandé mais dont je tairais le nom, j’ai convoité la fameuse compilation The Way Of The Vaselines, que Sub Pop avait ré-édité en 92... Mais allez savoir pourquoi, je ne l’ai jamais achetée en me disant qu’à l’apogée des ré-éditions deluxe en tout genre, une ûber- compilation de l’ulta-mythique groupe de Glasgow finirait bien par sortir... C’est chose faite avec cette copieuse compilation de deux disques dont Sub Pop nous gratifie avec ce Enter The Vaselines...
Beaucoup ont découvert les Vaselines grâce à Kurt Cobain. A l’époque, l’influence du blondinet de Seattle allait bien au delà de ses compositions torturées... Tel un grand frère ultra-cool auquel on voulait forcément ressembler, Cobain initiait sans trop le savoir un tas d’ados boutonneux dont je faisais partie à l’époque à des groupes essentiels, que ça soit Sonic Youth, Dinosaur Junior, Sebadoh, Daniel Johnston, ou encore les Vaselines... Mais si les groupes pré-cités sont vite devenus familiers et indispensables, les Vaselines se sont longtemps limité à trois chansons: "Jesus Wants Me For A Sunbeam", re-baptisé "Jesus Don’t Want Me For A Sunbeam" par Cobain et popularisé sur l’Unplugged de Nirvana, ainsi que les versions vitaminées de "Son Of A Gun" et "Molly’s Lips" sur Incesticide...
Enter The Vaselines est un excellent instantané de toute une époque bénie des dieux pour la musique écossaise, de la fin des années 80 à début des années 90: les Pastels, BMX Bandits, les Shop Assistants, les tous premiers disques de Primal Scream et bien sûr les Vaselines... A cette époque, pour briser l’ennui et sortir de la grisaille de la banlieue écossaise ces jeunes groupes composaient des mélodies pop foutraques et innocentes, un brin naÏves et noyées sous des tonnes de distortion et de guitares fuzz... Ce que les encyclopédistes du rock nomment la Twee-Pop, que les New Yorkais de The Pains Of Being At Heart ont récemment remis au goût du jour...
Les Vaselines, principalement axé autour du duo Eugene Kelly et Frances McKee, jouaient une musique qui sentaient bon l’insouciance adolescente et la spontanéité... Comme beaucoup de jeunes gens à cet âge là, leur préoccupations se situaient en dessous de la ceinture et des chanson comme "You Think You’re A Man", "Monsterpussy" ou encore "The Day I Was A Horse" en témoignent et fleurent bon le double entendre grivois...
On sent également la filiation avec un autre groupe séminal de cette époque, qui se situait de l’autre côté de l’Atlantique,pas très loin d’où avait grandi le jeune Cobain, à Washington: Beat Happening, groupe du gourou de l’indé américain Calvin Johnson qui avait établi une relation durable avec les Pastels et donc une partie de la diaspora glaswégienne... On comprend alors que le jeune Cobain se soient rapidement entiché de ces chansons délicatement salaces enrobées dans de la guimauve.
Le deuxième disque proposé dans cette anthologie ne devraient guère contenter que les fans hardcore du groupe: deux concerts bancals enregistrés à Bristol en 1986 et un autre enregistré à Londres en 1988 ainsi que des démos dispensables...
Fans d’Elmer Food Beat s’abstenir... |