"500 Nations". Un coffret de 4 DVD aux Éditions Montparnasse pour mieux comprendre l’histoire et les mythes des Indiens d’Amérique du Nord, qui ne se limite pas à quelques plumes sur la tête.
Initié par Kevin Costner (producteur et présentateur) cette série de huit films nous plonge dans cette conquête commencée par l’arrivée de Christophe Colomb et achevée en 1890 avec le massacre de Wounded Knee. Un long, très long génocide.
Nos amis américains se la jouent Super Héros à la mémoire courte (ce qui ressemble, à y méprendre, à un nom d’Indien pioché chez l’ami Tex Avery). L’opération menée au Pakistan, à la manière de la meilleure des séries TV (avec, s’il vous plait, caméra vidéo sur le casque des militaires, pour que la Maison Blanche n’en perde pas une miette), pour la liquidation de tout solde d’un certain Ben Laden a fait quelques vaguelettes dans le milieux des Amérindiens.
Tout aurait été merveilleux dans le meilleur des mondes militaires si les stratèges n’avaient pas baptisé leurs balades touristiques "Geronimo-EKIA".
Ceux qui connaissent un peu l’histoire des guerres indiennes savent naturellement qui est Geronimo (1829-1909). Il reste l’un des plus grands stratèges indiens des nations Apaches.
Le hic est d’ailleurs là !
Le nom, tiré d’un chapeau, n’est pas le fait du hasard.
Regardez bien vos westerns favoris et vous allez vite comprendre que les "mauvais indiens sont les Apaches", fourbes, ne se battant pas à la loyale, fuyant devant la cavalerie pour mieux revenir tuer dans le dos, des guérilleros sans morales. Naturellement, ils n’ont pas la fière allure des Indiens des plaines comme les Sioux ou les Cheyennes, on est loin avec eux de la Majesté des "hommes qui vivent debout".
Il n’en fallait pas plus dans la caboche des militaires pour assimiler Geronimo à Ben Laden et chevaucher toutes trompettes dehors à l’assaut du terroriste.
A part quelques voix, les médias ont pensé qu’il n’était pas indispensable de remettre les pendules à l’heure. Une fois de plus, et malheureusement cela ne sera pas la dernière, l’amalgame à fait son œuvre.
Il serait temps de rappeler à l’Oncle Sam qu’il ne faut pas confondre le terrorisme avec les héros d’une guerre territoriale qui se termina sous forme de génocide. Geronimo en ses terres n’est pas un terroriste, mais un résistant au côté d’un autre grand chef : Cochise. Au même titre qu’un Sitting Bull (Cheyenne), les Indiens d’Amérique du nord ne sont les identitaires de quelques militaires en mal de rebondissements historiques.
La tribu apache de Fort Sill (là où Geronimo fut interné pendant les vingt dernières années de sa vie) s’est dite "blessée" de voir comparé le guerrier Apache à Oussama Ben Laden. Ils ne sont pas les seuls à avoir donné de la voix réclamant à Barak Obama une audience. le Congrès National des Indiens Américains (NCAI)
S’est dit lui aussi scandalisé par les termes employés pour prévenir la Maison Blanche de l’exécution du terroriste "Geronimo-AKIA" qui veut dire textuellement "Geronimo Ennemi tué au combat". De son côté le Comité des affaires indiennes du Sénat, demande, elle aussi, des explications sur cet amalgame inadmissible avec le chef terroriste.
Geronimo, l’un des plus grands héros Indiens et le plus haï des ennemis des États-unis, semble songeur depuis son repaire des terres fertiles. Il se dit que ces militaires depuis les guerres indiennes n’ont pas beaucoup changé. Ils restent peu soucieux de la magie des noms et de ses peuples qui ont vaincu ceux qui ont nourri la terre. |