Réalisé
par Thomas G. Bezucha. Etats Unis. Comédie. Durée : 1h49 (Sortie le 31 août 2011). Avec Selena Gomez, Katie Cassidy, Leighton Meester, Cory Monteith, Pierre Boulanger, Christophe Malavoy et Valérie Lemercier.
Tous les films ne naissent pas libres et égaux en droit, hélas. Certains portent sur leur affiche des tares impardonnables pour une critique qui préférera toujours le cancer chez les enfants de bobos plutôt que les bluettes amoureuses concernant des texanes aux formes avantageuses.
Et, pourtant, mêmes si elles sont belles, futiles et parfaites pour le petit écran, les trois filles de "Bienvenue à Monte-Carlo" qui ne vivent leurs aventures que dans une salle, et pour tout arranger dans une version française approximative, ont le droit à notre considération cinéphilique et leurs aficionadas, ces toutes jeunes ados qui constituaient l’essentiel du public de l’unique salle, à notre respect fraternel. Car il faut les féliciter d’avoir trouvé toutes seules la voie de ce cinéma des Champs-Élysées pour voir un film ostracisé par les grands médias.
Qu’on puisse aujourd’hui oser en revenir aux fondamentaux de la comédie américaine, en racontant comment un trio déluré s’introduit par hasard aux pays des merveilles du prince Albert pour franchir le miroir des apparences et trouver au bout de la corniche un sens à la vie, semble trop subversif pour des professionnels avides de moines assassinés et de tumeurs au cerveau.
Et pourtant, au-delà des colliers Bulgari, des jets privés et du champagne qui coule à flot, ils piocheraient dans le film de Thomas G. Bezucha de bien belles choses. Sans vouloir les fâcher tout rouge, on pourrait déjà leur expliquer que le Paris de cartes postales qui défile sous nos yeux ravis vaut mille fois la rance et ronchonne vision qu’en donne Woody Allen dans "Minuit à Paris".
Ici, Paris se visite au pas de course sous la houlette hilarante d’une Valérie Lemercier qui se souvient pendant quelques plans qu’elle fut géniale dans "Palace". Ici, les hôtels pourris voisinent avec les palaces, et, en ouvrant sa fenêtre on peut se retrouver face à face avec un gros bonhomme à béret basque lisant "Le Monde" dans son bain !
Mine de rien, Thomas G. Bezucha prouve définitivement que Wim Wenders s’est trompé sur toute la ligne et que le sens logique du cinéma, c’est Texas-Paris.
Mais le clou du film, c’est évidemment l’escale monégasque, riche en événements, parmi lesquels on en retiendra un, qui pourrait faire office de scoop : pour la première fois en cinquante films Christophe Malavoy est bien habillé. Et puis, les spectateurs les plus âgés seront séduits par les audaces stylistiques du réalisateur : alors que le collier Bulgari précité se balade de cou en cou, une de nos belles regarde à la télé Cary Grant et Grace Kelly dans "La main au collet", précisément une histoire hitchcockienne de vol de collier sur la Riviera.
Hein ? Pas mal, non ? Dimanche prochain, toute la critique parisienne se battra pour rentrer au "Publicis Cinémas" : pour elle, une mise en abyme (avec un "y" pour faire plus chic), ça ne se rate pas et c’est une preuve irréfutable que "Bienvenue à Monte-Carlo" mérite le déplacement.
Nous confirmons. |