Le moins que l'on puisse dire, c'est que ce deuxième album, éponyme, de The Hall Effect ne crée pas en France le buzz attendu. Peut-être "Shine", single revendiqué, parviendra-t-il à se frayer un chemin jusqu'à vous – et encore est-il loin d'être certain que vous y entendrez tout le potentiel de ces nouveaux espoirs supposés de la scène rock indépendante.
En fait d'indépendance, entendons-nous bien : c'est dans la cour de sa majesté U2 que The Hall Effect intrigue, dans l'ombre d'un Muse. Bien sûr, le premier album de la formation (Aim at me, 2007) était autoproduit et l'on pouvait se réjouir du succès rencontré dans sa Colombie d'origine. Mais les choses ont bien changées et le quatuor est désormé produit et promotionné par XIII Bis Records, une filiale de Warner Music.
Sur disque, The Hall Effect est une grosse machine au son lourd où l'on sent toute la puissance de mécaniques bien huilées. Surgonflé, surproduit (mais sans l'affectation mégalomaniaque des derniers Muse, justement), surpromotionné peut-être aussi (pour attaquer le marché français, on vous explique qu'Oscar, le chanteur, s'est pris d'amour pour notre langue, qu'il a même pris des cours et que sur la version française du disque figurent deux titres justement chantés en français. Une histoire d'amour, qu'on vous dit)...
En bref : The Hall Effect a toutes les armes socio-économiques pour réussir, s'imposer dans la durée, de première partie en festival – business is business. Mais cela n'empêchera pas l'auditeur attentif de se dire que "you are the air I breath" (et autres paroles du même accabit lyrique), décidément, on l'a peut-être déjà (trop, bien trop) entendu dans la bouche de chanteurs sans réelle sensibilité, qui l'ont certainement déjà (trop, bien trop) lu sous la plume d'auteurs mercenaires (mal) rémunérés à la ligne et l'ont certainement déjà (trop, bien trop) souvent chanté juste avant le solo endiablé d'un technicien de la six cordes au jeu de scène non moins endiablé.
Dans un sens, il est finalement rassurant de constater que le buzz n'a pas (encore...) pris. Comme si la musique pouvait (encore un peu, parfois) échapper à la seule logique de vente aux forceps. |