Spectacle musical mis en scène par Thierry Hancisse, interprété par Sylvia Bergé, Éric Génovèse, Julie Sicard,
Serge Bagdassarian,
Hervé Pierre et
Jérémy Lopez.
Depuis quelques années, une sympathique tradition s’est installée au sein de la troupe de la Comédie Française : se réunir pour un "bœuf" autour d’un auteur, d’un chanteur, qui célèbrent la langue française.
Brassens, vieil anarchiste, moulé vivant dans la mémoire nationale, compositeur inspiré de savoureux couplets, d’inspiration poétique, à la fibre contestataire maîtrisée, visant le conformisme - un peu daté aujourd’hui - de son temps, fait l’objet de cette veillée de charme, qui ressemble à une fin de mariage de province, avec les cousins qui vont retrousser leurs manches et leur "dame", leur jupon.
Autant dire que la nostalgie s’invite et que la joie pétille. Les rengaines intelligentes, les saillies émouvantes, les rodomontades tendres s’enchainent, soutenues par les musiciens, Benoît Urbain, Olivier Moret et Paul Abirached, excellents, et l’on retrouve, comme craquant sur un vieux trente-trois tours, le "Gorille", bien sûr, mais aussi beaucoup de petites chansons mal-connues.
Serge Bagdassarian, Serge le Grand, chambellan de ces rituels, interprète "Il n’y a pas d’amour heureux", bouleversant, déchirant. Sylvia Bergé, jambes infinies et talent à l’avenant, séduit, à l’instar d’Eric Génovèse, chanteur de charme, tandis que Jérémy Lopez attendrit et qu’Hervé Pierre, gouailleux, confirme son irrésistible talent. Julie Sicard est un piaf perdu, très touchante.
Dans ce "Cabaret Brassens" mis en mouvement par Thierry Hancisse, tout ce beau monde incarne, sublime cette prose chantée, avec ses lueurs et ses flèches usées, secouant vigoureusement, musicalement et physiquement, le consensuel qui fige le souvenir du vieux bougon à guitare.
Le public se délecte et en redemande. Mais que reste-il aux chanteurs ordinaires ? |